Un enseignant de la Sorbonne déchiffre des messages cachés sur l’Obélisque

L’Obélisque de Paris cacherait-il encore des secrets ? C’est ce qu’a récemment démontré le Dr. en égyptologie Jean-Guillaume Olette-Pelletier, enseignant à la Sorbonne, après avoir déchiffré sept crypto-hiéroglyphes sur le monument.

Le Dr. Olette-Pelletier observant l'obélisque lors de sa rénovation. (Crédit : Dr. Olette-Pelletier)
Le Dr. Olette-Pelletier observant l’obélisque lors de sa rénovation. (Crédit : Dr. Olette-Pelletier)

En se promenant dans les rues de la Ville Lumière pendant la pandémie de Covid-19, les pas du Dr. Olette-Pelletier l’ont dirigé place de la Concorde. Egyptologue de renom publié chez Larousse, son regard s’est évidemment jeté sur l’impressionnant Obélisque de Louxor qui domine le quartier. Mais en lisant les hiéroglyphes, il a remarqué quelque chose d’inhabituel : certaines inscriptions amenaient le lecteur à porter une attention particulière au portique du temple de Louxor. Les jours suivants, le Dr. Olette-Pelletier est revenu devant l’Obélisque avec des jumelles et un carnet de notes. A cette époque, la Ville de Paris rénovait nombre de ses architectures en vue des Jeux olympiques d’été de 2024. L’égyptologue a donc demandé à la direction des affaires culturelles l’autorisation d’étudier le monument depuis les échafaudages du chantier, devenant ainsi la première personne à escalader l’Obélisque depuis plus d’un siècle.

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Au fil des jours, le Dr. Olette-Pelletier a découvert sept crypto-hiéroglyphes, dont la signification n’avait pas encore été dévoilée. Dans l’Egypte antique, les crypto-hiéroglyphes étaient une forme d d’écriture comportant des énigmes et des jeux de mots, comme le changement du sens de lecture, que seule l’élite intellectuelle de l’Égypte ancienne était en mesure d’identifier et de comprendre. A l’heure actuelle, peu de spécialistes ont d’ailleurs la capacité de les lire. Mais le Dr. Olette-Pelletier en fait partie. Selon lui, les crypto-hiéroglyphes sur l’Obélisque indiquent à l’élite égyptienne que Ramsès II avait été choisi par les dieux et revendiquait son ascendance sur Amon-Ré et Maât. De fait, le pharaon n’étant pas né roi, il a utilisé le monument comme outil de propagande dès le début de son règne, afin de renforcer sa suprématie sur le peuple.

Un message destiné aux nobles

Chaque année, l’élite des nobles égyptiens arrivait par bateau au temple de Louxor pour célébrer la fête de l’Opet, qui renouvelait le pouvoir du pharaon. Dès leur arrivée, les inscriptions sur l’Obélisque qui les accueillait permettait ainsi de leur rappeler le pouvoir de Ramsès II et sa nature divine. En outre, la face de la structure qui faisait face au Nil représente Ramsès II faisant une offrande à Amon. Il porte d’ailleurs une couronne représentant l’union de la Basse et de la Haute-Égypte, différente de celles qu’il arbore sur les trois autres faces. Toutefois, seuls les nobles s’approchant du temple de Louxor par bateau pouvaient voir cette inscription et la déchiffrer. « Le roi se confirme comme le dieu incarné, qui ne peut être détrôné », expliquait le Dr.  Olette-Pelletier à ArtNet News. « Il s’agissait d’une propagande destinée à la très haute élite intellectuelle. »

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Sur l’une des autres faces de l’Obélisque, un autre message codé présente Ramsès II avec une couronne de cornes de taureau, affirmant son pouvoir divin. Ces inscriptions invitent même le lecteur à faire des offrandes aux dieux afin d’apaiser leurs éventuels courroux. « L’utilisation de la cryptographie hiéroglyphique nous permet d’offrir une nouvelle lecture des textes pharaoniques », a déclaré le Dr. Olette-Pelletier. « C’est un exemple qui prouve que l’égyptologie recèle encore beaucoup de choses qui attendent d’être découvertes ».

Son analyse des crypto-hiéroglyphes de l’Obélisque sera publiée prochainement dans la revue ENiM.


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