La foire ST-ART de Strasbourg renforce son identité

Du 24 au 26 novembre se tenait la 27ème édition de la foire ST-ART à Strasbourg. Nous nous y sommes rendus et nous avons découvert un salon strasbourgeois qui affirme son identité, tout étant un tremplin pour les talents émergents et en favorisant le dialogue entre les galeries françaises et internationales. La diversité des styles et des prix permet à la Foire de toucher un large public, des collectionneurs débutants aux collectionneurs plus confirmés.

ST-ART ©Louise Wagon pour Le Petit Rat
ST-ART ©Louise Wagon pour Le Petit Rat

En 2022, le Parc des Expositions de Strasbourg a bénéficié d’une cure de jouvence sous la houlette de l’architecte japonais Kengo Kuma, qui a remodelé les lieux pour en faire un bâtiment aussi fonctionnel que bioclimatique. Ce lieu est à la hauteur des attentes de ST-ART, la plus ancienne foire en région, créée en 1994 en réponse à un besoin croissant de promouvoir l’art contemporain dans la région Est.

Des installations monumentales

La nef du hall d’entrée du Parc des Expositions offre la possibilité d’accueillir des installations monumentales. L’une des pièces maîtresse de cette année est le projet Guernica Ukraine, réalisé par Jean Pierre Raynaud. Cette toile de 7,77 x 3,49 m est une réponse à l’appel du président ukrainien Zelensky qui, en avril 2022, exhortait les acteurs culturels du monde entier à soutenir son pays. Baudoin Janninck, éditeur d’Art à Paris, a ainsi sollicité Jean Pierre Raynaud, pour réaliser une œuvre de la même taille que le tableau Guernica réalisé par Picasso en 1937 et lui faire face.

Jean Pierre Reynaud, Sans titre - Ukraine, 2022, impressions sur bâches, offerte à l'Ukraine lors de son dévoilement à la Sorbonne le 24 février 2023
Jean Pierre Reynaud, Sans titre – Ukraine, 2022, impressions sur bâches, offerte à l’Ukraine lors de son dévoilement à la Sorbonne le 24 février 2023

Autre pièce saisissante : MOSS. Presque dissimulée, on découvre cette œuvre végétale de Marco Barotti, présentée en collaboration avec le Centre d’art Apollonia (Strasbourg). Cette œuvre vivante, cinétique et sonore, recouverte de mousse, fascine et bouleverse en sensibilisant le grand public à l’urgence écologique. Elle est alimentée par les données fournies par l’indice mondial de la qualité de l’air (World Air Quality Index) et analyse l’air des villes en temps réel.

ST-ART : un ancrage régional

Avec cette édition 2023, ST-ART affirme plus que jamais son identité en mettant en avant un ancrage régional fort et offrant une plateforme aux talents émergents. « Nous sommes ravis cette année d’accueillir encore plus de galeries européennes et de célébrer la présence en force des enseignes de la région », commente Christophe Caillaud-Joos, organisateur de ST-ART. En effet, le nombre d’exposants (dont la sélection est opérée par le galeriste d’origine alsacienne Georges-Michel Kahn et le directeur des Editions Bucciali à Colmar, Rémy Bucciali) est en hausse avec 56 galeries contre 43 l’an dernier. Elles viennent de toute l’Europe et parfois, plus loin encore, à l’instar de la coréenne H.A.N Gallery, qui expose les flux de lumière de Ryung Kal.

A tout seigneur tout honneur, l’Alsace occupe une place de choix avec des piliers venus de Strasbourg ou de Colmar, tels que la Kraemer Gallery qui présentait des artistes étonnants comme les Ivoiriens Aboudia et Saint-Etienne Yeanzi, ou la galerie Sandra Blum qui dévoilait le travail minutieux sur porcelaine de Rose-Marie Crespin.

 Abdoulaye Aboudia, Aboudia 2, 2020, Acrylique sur toile 120 x 150cm, Kraemer Gallery. ©Louise Wagon
Abdoulaye Aboudia, Aboudia 2, 2020, Acrylique sur toile 120 x 150cm, Kraemer Gallery. ©Louise Wagon

Les nouveaux venus, eux, représentent un tiers de la sélection, signe que la Foire conserve son dynamisme. Parmi elles, Quand les fleurs nous sauvent (Paris) ou la Maison Abandonnée [villa Cameline] (Nice) qui présentait pour la première foire les dessins et peintures d’un artiste intranquille : Franck Saïssi. Venue sur Grand Est, la Galerie PJ de Metz participe également pour la première fois et présentait, entre autres, une série de Dominique Funès, A grand pas (2022). Les œuvres de l’artiste présentent un cadrage original en ne représentant que le profil du bas d’une jambe, vêtue d’un pantalon et d’une chaussure, dans un décor vague et intemporel : un relief lumineux, des rochers, des laves volcaniques, sans traces d’humanité visibles.

Enfin, la Société des amis des arts et des musées de Strasbourg (Saams), qui décerne chaque année le Prix Théophile Schuler à un jeune artiste lié à l’Alsace, fêtait ses 190 ans. Pour l’occasion, elle a réuni 24 artistes parmi les lauréats des années 1994 à 2022. Ces derniers rendent hommage, chacun dans sa discipline (peinture, photographie, installation, broderie ou gravure), à La Belle Strasbourgeoise, tableau emblématique de la ville peint par Nicolas de Largillierre en 1703 et conservé au Musée des Beaux-arts de Strasbourg.


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