Au Moyen-Âge, des chats déformés par les croyances populaires

Dans les représentations du Moyen-Âge, les chats sont souvent étranges, difformes, ou affublés d’expressions curieuses. Les artistes médiévaux n’avaient-ils jamais vu de félin domestique ou étaient-ils incapables de les figurer ? Analysons ensemble cette amusante tendance !

Horae ad usum Rothomagensem, 1401-1500, f.18v (Crédit : Gallica)
Horae ad usum Rothomagensem1401-1500, f.18v (Crédit : Gallica)

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les artistes du Moyen-Âge savaient exactement à quoi ressemble un chat domestique ! Cependant, leurs représentations de la société devaient parfaitement dépeindre la sainteté ou la déviance de chaque humain ou animal. Sur ce plan, et malheureusement pour eux, nos compagnons à quatre pattes se plaçaient… du côté obscur de l’opinion publique.

Durant l’époque médiévale, les croyances populaires tissaient effectivement un lien entre les chats et les forces obscures. Contrairement à leurs compères canidés, ces derniers ne sont pas un exemple de loyauté ni de courage. Ils allaient et venaient plutôt en fonction des foyers les plus accueillants pour eux et de ceux qui les nourrissaient. De plus, leur capacité à voir dans l’obscurité inquiétait les populations, qui avaient l’impression que les chats rejetaient la lumière du Christ et préféraient marcher dans les ténèbres du Malin.

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Enfin, c’est également au Moyen-Âge que sont nées les superstitions sur les chats noirs. Au XIIe siècle, leur pelage sombre incite davantage les populations à les associer à la sorcellerie, aux forces obscures et au Diable. En effet, s’ils étaient diaboliques par leur comportement –comme les autres chats-, ceux-ci l’étaient même jusqu’à leur apparence ! De quoi imaginer malédiction et malchance à quiconque aurait le malheur de croiser leur route.

Ces nombreux liens –fictifs- entre les chats et les forces obscures ont donc encouragé les artistes à les représenter de manière difformes ou étranges. Puisque leur comportement n’était pas socialement irréprochable, cela devait transparaître jusque dans les œuvres. Leurs faciès déformés, leurs yeux de fouine et leurs expressions étranges figuraient ainsi leur déviance, leur hérésie de la foi chrétienne et leur lien à la magie noire. Au contraire, les hommes semblent dénués de vie ou de sentiment, puisque le catholicisme encourageait à se tenir à distance de ses émotions, voire à les réprimer.

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L’enfant Jésus accro au cross-fit ?

Cet aspect très moralisateur des représentations graphiques du Moyen-Âge explique également les peintures étranges de l’enfant Jésus à l’époque. Les artistes médiévaux ne souhaitaient effectivement pas figurer le fils de Dieu comme une figure innocente et faible. De fait, ils n’hésitaient pas à représenter sa sagesse, sa piété et sa force en ajoutant des traits adultes sur des corps d’enfants. C’est la raison pour laquelle certaines représentations de l’enfant Jésus sont affublés d’abdominaux dignes de sportifs, de pilosité faciale voire même d’une ligne de cheveux fuyante. Une vision assez particulière de la réalité !


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