Depuis 2022, le tourisme connait un regain record, avec plus de 1300 milliards de touristes internationaux chaque année. Phénomène bénéfique pour l’économie, il représente toutefois une menace pour l’environnement et le patrimoine culturel.
Selon les chiffres de l’Insee, la France est le pays le plus visité au monde, enregistrant plus de 98 millions de visiteurs internationaux en 2023. Cependant, l’Organisation mondiale du tourisme explique que 95% des touristes ne visitent que 5% des terres émergées. Dans l’hexagone, on estime que 80% de cette activité s’articule autour de 20% du territoire.
Ce déséquilibre remarquable a de nombreux effets néfastes sur l’environnement et sur le patrimoine culturel. La plupart des lieux et monuments attirant une majorité de visiteurs ne sont effectivement pas adapté pour accueillir de telles foules. La présence de ces dernières endommage notamment les édifices historiques ou archéologiques, en plus de représenter de nombreux enjeux pour les populations locales. C’est la raison pour laquelle de plus en plus de sites touristiques s’efforcent de limiter l’affluence quotidienne de visiteurs, tout en conservant leur attractivité.
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A Venise, par exemple, les bateaux de croisière sont interdits depuis 2019 car leurs remous fragilisent les fondations de la cité historique. De même, la commune a instauré une taxe d’entrée de cinq euros pour les touristes de plus de 14 ans, afin de réguler ses quelques 30 millions de visiteurs annuels. En Croatie, la ville de Dubrovnik a mis en place un compteur de visiteurs à l’entrée afin de limiter leur nombre à 4000 par jour. Plus récemment, le site historique de Pompéi a également instauré de nouvelles mesures pour réguler le flux quotidien de touristes et protéger les trésors archéologiques et patrimoniaux du lieu.
En France, le gouvernement a mis en place une campagne de communication massive afin d’encourager un « tourisme des quatre saisons ». L’objectif de ce plan national, initié en 2023, est de mieux répartir les visiteurs nationaux et internationaux sur l’ensemble du territoire, de valoriser l’attractivité des zones en dehors des périodes de vacances et de promouvoir les sites moins connus. De même, les institutions œuvrent de pair avec les influenceurs afin qu’ils participent à la sensibilisation du public quant au surtourisme et à l’attractivité des sites normalement peu mis en avant.
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Malgré ces initiatives positives, de (trop) nombreux sites ne protègent pas encore leur patrimoine culturel et ne prennent pas en compte la menace du surtourisme. Si Venise instaure de nouvelles mesures, par exemple, les autorités locales refusent que la commune soit classée « patrimoine en péril » par l’UNESCO. Ce classement obligerait effectivement le site à limiter drastiquement le flux de visiteurs et à mettre en place de nouvelles règles pour préserver les monuments.
Une menace de longue date
Le surtourisme est de plus en plus décrié par les organisations de protection du patrimoine culturel, notamment depuis le regain de ce phénomène après la pandémie de COVID-19. Cependant, plusieurs acteurs majeurs du domaine culturel ont identifié cette menace depuis près de 20 ans. En 2008, un rapport de l’ICOMOS sur les sites en péril détaillait : « Il est décevant de constater que, en dépit des assurances données lors d’innombrables colloques sur le thème du tourisme et de la préservation, l’industrie touristique ne s’est toujours pas engagée sur cette voie alors qu’elle représente désormais, avec ses milliards de chiffre d’affaires, le premier secteur économique à l’échelle planétaire. L’industrie du tourisme exploite le patrimoine culturel, par une utilisation abusive parfois ruineuse — citons pour exemples certains des tombeaux égyptiens — mais n’apporte en retour aucune contribution financière notable à la protection et à la conservation du patrimoine culturel. »
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