Conservé au Louvre depuis 1983, le bas-relief de l’église d’Avezzano est le symbole d’une mémoire artistique et historique pour la petite commune italienne. En 2025, le Ministère de la Culture italien appuie donc la volonté des communautés locales de récupérer cette œuvre emblématique.

Au XIIIe siècle, l’église San Nicola d’Avezzano voit le jour dans la province de L’Aquila, en Italie. Dès sa construction et jusqu’au XXe siècle, un linteau ornait le portail principal de l’édifice, symbole historique pour la commune. Mais en 1915, un violent séisme secoue la ville d’Avezzano et détruit l’église San Nicola –désaffectée depuis 1874- ne laissant derrière que le bas-relief emblématique. Par la suite, cette œuvre aurait été conservé à la « Galerie Edgar Altounian, à Paris, en 1935 », puis « vraisemblablement [été] acquis dans le commerce d’art parisien pendant l’Occupation pour le “Kunstgewerbemuseum” de Düsseldorf ». Il aurait alors été « Attribué aux Musées nationaux, département des Sculptures du musée du Louvre (arrêté du 13 août 1951). Déposé au centre culturel de l’abbaye de Sénanque de 1970 à 1983. Rentré au Louvre le 21 décembre 1983. » A l’heure actuelle, le linteau de 50 cm de haut et 150 cm de long est visible dans la salle 160 de l’aile Denon du musée parisien.
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Depuis six ans, les institutions italiennes espèrent voir le bas-relief revenir dans sa région d’origine. En 2019, la présidente de l’association culturelle Antique et directrice du pôle muséal d’Avezzano, Flavia De Sanctis, signalait aux autorités la disparition de cet élément jugé « représentatif de la mémoire historique de la ville détruite par le séisme et pillée ». Soutenue par le gouvernement, Mme De Sanctis a donc sollicité une restitution de l’œuvre par le Louvre. En 2023, le Ministre de la Culture italien Gennaro Sangiuliano –dont le mandat a pris fin en décembre 2024- rencontrait la directrice du Louvre, Laurence des Cars, afin d’échanger sur le retour de nombreuses œuvres italiennes dans leur pays d’origine.
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En outre, plusieurs vestiges antiques acquis entre 1982 et 1998 par le Louvre avaient été identifiés par les archéologues. Ces œuvres étaient notamment liées aux marchands d’antiquités Giovanni Franco Becchina et Giacomo Medici, condamnés pour trafic illicite d’antiquités romaines, grecques et étrusques. « Je considère que [les œuvres] dont la provenance est douteuse sont une tache dans les collections du Louvre. Nous devons examiner ces cas avec rigueur et lucidité », avait déclaré Laurence des Cars à la suite de cet échange.
Le souhait de restitution du bas-relief a été relancé en 2024 par le sénateur des Abruzzes, puis portée devant le Parlement italien en 2025. De son côté, le Louvre assure néanmoins que « cette œuvre n’a pour l’instant fait l’objet d’aucune demande [officielle] de restitution. Laurence des Cars est très attentive aux questions de provenance des collections et un dialogue très constructif est ainsi ouvert avec les autorités italiennes sur d’autres demandes ».
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