Dans le cadre du millénaire de la ville de Caen, le Musée des Beaux-Arts s’allie au CHU de Caen, à l’Université de Caen Normandie et à l’institut Blood and Brain. Leur objectif est de démontrer scientifiquement les effets de l’art sur le cerveau.

L’art est-il bénéfique pour le cerveau ? De nombreux textes l’affirment, avançant les bienfaits de l’art sur l’humeur, le bien être ou la créativité. « [Mais aucun] n’a jamais démontré concrètement les bienfaits de l’art sur le cerveau. Ses effets n’ont jamais été mesurés de manière scientifique. Nous en voulons la preuve », explique Denis Vivien, praticien au CHU de Caen et coordinateur du projet ABC (Art, Bien-être, Cerveau). Contrairement aux précédentes recherches sur le sujet, cette initiative sera menée en milieu écologique, directement au Musée des Beaux-Arts, à travers 200 participants.
Voir aussi : Au Louvre, les artistes femmes sous le feu des projecteurs grâce à AWARE
Ces 200 volontaires, âgés de 18 à 65 ans, doivent passer quelques heures au Musée des Beaux-Arts de Caen pour admirer neuf tableaux spécifiques. L’un des prérequis pour participer à l’étude est, en outre, de ne pas avoir visité l’institution depuis au moins 10 ans. « Les participants sont divisés en trois groupes, explique Denis Vivien. Un groupe de contrôle de 40 personnes ne verra pas initialement les tableaux choisis, et deux groupes de 80 visiteurs chacun auront exploré le musée, avec ou sans médiation, en contemplant des scènes de genre, des portraits, des paysages, casque sur la tête. »
Un impact mesurable sur l’humeur, le bien-être ou le stress
Pour mesurer les effets de l’art sur le cerveau, les équipes de Denis Vivien utilisent un casque NIS (Near Infrared Signal), qui mesure « les afflux sanguins, lesquels sont corrélés à l’activité du cerveau. Quand les émotions sont positives, le flux du sang s’accélère ». De même, les volontaires seront analysés selon leur fréquence cardiaque et un système d’oculométrie, permettant de déterminer quelles parties des œuvres sont observées. Ces mesures physiologiques peuvent ensuite être mises en corrélation avec les émotions, le bien-être et l’humeur des participants. Selon Denis Vivien, ce protocole est similaire à celui que l’on pourrait retrouver dans le cadre d’un essai médicamenteux.
Une étude de plusieurs mois
Les résultats de ces différentes analyses seront ensuite étudiés en laboratoire afin de comprendre les bienfaits de l’art sur le cerveau. De fait, les volontaires observeront les œuvres seuls ou en binôme, ce qui accentuera potentiellement les effets des tableaux sur leur bien-être. « Cette phase du projet ABC sera très intéressante pour observer si leurs émotions se synchronisent. Si cela fonctionne, des champs s’ouvriront pour la rééducation par l’art de patients victimes d’AVC, avec un binôme non-malade, » précise Denis Vivien.
Voir aussi : Le Musée du Prado s’appuie sur l’IA pour compter les personnages de ses œuvres
Dans un second temps, les participants seront soumis aux analyses d’Hervé Platel, neuropsychologue et enseignant-chercheur à l’Université de Caen. « On va se pencher sur la notion d’expertise, c’est-à-dire comparer des personnes naïves (non expertes) en peinture, et en art en général, et en musique, avec des personnes expertes dans ces domaines, » détaille-t-il. Cette étude supplémentaire permettra d’amener une piste de réflexion sur notre rapport à l’art en fonction de nos connaissances et de nos compétences en la matière.
Laisser un commentaire