Un vase acheté à 3,99 $ dans un magasin d’occasion se révèle être un artefact maya

Les magasins d’occasion regorgent parfois de trésors particulièrement rares. C’est le constat qu’a pu faire l’américaine Anna Lee Dozier lorsqu’elle a découvert qu’un vase acheté 3,99 $ en 2019 était, en réalité, un artefact maya ayant près de 3 000 ans.

Anna Lee Dozier et l'ambassadeur du Mexique à Washington D.C.
Anna Lee Dozier et l’ambassadeur du Mexique à Washington D.C.

En 2019, l’américaine Anna Lee Dozier acheta un vase dans un magasin d’occasion de Clinton, dans le Maryland. Cette résidente de Washington D.C. reconnut alors sur l’objet des motifs mexicains et remarqua qu’il paraissait ancien. « Il m’a semblé vieux. Mais seulement de 20 ou 30 ans, peut-être », affirmait-elle récemment à la radio KVCR. A ses yeux, il s’agissait simplement d’une reproduction d’un artefact maya, qui aurait pu voyager du Mexique jusqu’aux Etats-Unis. Mme Dozier est, d’ailleurs, connaisseuse de ce pays d’Amérique latine, puisqu’elle l’a visité plusieurs fois dans le cadre de son travail avec l’organisation Christian Solidarity Worldwide.

« J’ai compris qu’il y avait un lien avec le Mexique, en termes d’apparence », précisait-elle. « Comme c’est un pays sur lequel je travaille et qu’il est très important pour moi, j’ai pensé que ce serait une jolie petite chose à ramener chez moi et à mettre sur l’étagère pour me rappeler le Mexique. » Quelques années après son achat, Anna Lee Dozier repartit pour Mexico, où elle choisit de visiter le Musée national d’Anthropologie et d’Histoire. Cependant, elle remarqua d’importantes similitudes entre les objets exposés dans les collections mayas et le vase qu’elle possédait désormais. Curieuse, elle s’adressa à l’un des employés du musée pour savoir quelle était la procédure d’authentification d’un artefact. Selon Mme Dozier, l’employé du musée « était un peu sceptique, mais il lui a dit qu’il fallait retourner dans son pays et contacter l’ambassade ».

De retour aux Etats-Unis, Mme Dozier s’est empressée de photographier le vase et de noter ses dimensions, avant d’envoyer le tout à l’ambassade du Mexique. Ainsi, il suffit de quelques semaines pour que l’Institut national d’anthropologie et d’histoire du Mexique authentifie l’artefact comme un véritable vase maya. « J’ai reçu un email qui disait : « Félicitations, c’est un vrai vase et nous aimerions le récupérer » », détaillait Anna Lee Dozier à la radio KVCR. Les experts ont estimé que l’artefact aurait été conçu entre le IXe et le IIIe siècle avant notre ère, durant la période classique de l’histoire maya. Cette période correspond, de fait, à un essor considérable de cette civilisation, tant par ses projets de construction que son évolution démographique. Aux yeux des historiens, il s’agirait d’une ère comparable à celle de la Grèce classique ou de l’Italie de la Renaissance.

En juin 2024, le vase maya a été officiellement restitué à son pays d’origine, lors d’une cérémonie à l’Institut du Mexique à Washington D.C. « Un témoin précieux de notre histoire maya rentre chez lui », témoignait Esteban Moctezuma Barragá, l’ambassadeur mexicain, sur les réseaux sociaux. Dans les prochains mois, l’artefact devrait être exposé dans les collections dédiées du Musée d’Anthropologie et d’Histoire de Mexico. « Je suis ravie d’avoir joué un rôle dans l’histoire de son rapatriement. J’aimerais qu’il retourne à sa place légitime et à l’endroit où il appartient », affirmait Mme Dozier. De même, elle a précisé qu’elle craignait fortement de dégrader l’objet en le gardant chez elle. « J’étais pétrifiée à l’idée qu’après 2 000 ans, ce soit moi qui l’abîme ! », plaisantait-elle auprès de la radio KVCR.

« Le fait de le rendre me fait tellement plus de bien que si je l’avais mis sur eBay et que j’avais reçu un tas d’argent », concluait-elle. « Il est vraiment important de reconnaître que certaines de ces choses, en particulier celles qui ont une telle valeur historique et culturelle pour un pays et un peuple entiers, ne peuvent pas vraiment être chiffrées. »


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