Après avoir poursuivi le marchand d’art Yves Bouvier à New York, Hong Kong et Singapour, Dmitry Rybolovlev poursuit Sotheby’s pour fraude. En effet, le milliardaire russe considère que la maison de vente a soutenu Yves Bouvier dans son escroquerie, et lui a ainsi fait perdre près de deux milliards d’euros en douze ans.
Au début du mois de janvier, le milliardaire russe Dmitry Rybolovlev -dont le patrimoine s’élève à 6,41 milliards de dollars, selon Forbes- a lancé des poursuites contre la maison de ventes britannique Sotheby’s. M. Rybolovlev accuse notamment Sotheby’s d’avoir aidé le marchand d’art Yves Bouvier à lui soutirer plusieurs dizaines de millions d’euros, dans le cadre de vente d’œuvres d’art.
Dans les douze dernières années, le milliardaire a effectivement dépensé près de deux milliards d’euros pour enrichir sa collection d’art d’œuvres exceptionnelles. Ses transactions avec Sotheby’s lui ont entre autres permis d’acquérir des chefs-d’œuvre de Léonard de Vinci, d’Auguste Rodin, de Henri de Toulouse-Lautrec, de René Magritte et de Gustav Klimt. Cependant, Dmitry Rybolovlev a découvert que le marchand d’art Yves Bouvier, avec qui il faisait affaire, l’avait « trompé en achetant lui-même les œuvres à un certain prix et en leur facturant un autre prix – des millions ou des dizaines de millions de dollars plus élevé ». Le marchand d’art prétendait ainsi aider M. Rybolovlev en s’occupant des négociations pour l’achat des œuvres d’art, contre une commission de 2 %, mais profitait également d’une majoration du prix des tableaux.
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Par exemple, en 2013, Dmitry Rybolovlev a acquis le Salvator Mundi de Léonard de Vinci, pour plus de 120 millions d’euros auprès du marchand d’art. Or, Yves Bouvier avait précédemment acheté le tableau pour seulement 82 millions d’euros et ne lui a pas fait part de la différence entre les deux sommes. Par la suite, M. Rybolovlev a vendu le Salvator Mundi au prince héritier saoudien Mohammed bin Salman, pour 410 millions d’euros. Il s’agit de l’œuvre d’art la plus chère jamais vendue. En décembre 2023, les multiples accusations du milliardaire russe contre Yves Bouvier se sont néanmoins réglées à l’amiable.
Début du procès contre Sotheby’s
Les escroqueries dont a été victime Dmitry Rybolovlev ne sont, selon lui, pas uniquement du ressort d’Yves Bouvier. En effet, l’oligarque russe estime que la maison de ventes Sotheby’s a encouragé et soutenu le marchand d’art dans ses transactions frauduleuses. Seize des œuvres achetées par Dmitry Rybolovlev sont visées par ces poursuites, dont le fameux Salvator Mundi de Léonard de Vinci. « En participant à cette fraude, Sotheby’s a gagné beaucoup d’argent. Sotheby’s avait le choix, mais elle a choisi la cupidité », déclarait Daniel Kornstein, l’avocat de M. Rybolovlev. Il affirme que la fraude entreprise par Yves Bouvier lui a permis d’empocher 150 millions d’euros à travers la majoration des œuvres et 6 millions d’euros grâce à sa commission de 2 %.
Lors du dépôt des poursuites, l’avocat Daniel Kornstein a suggéré au juge d’examiner tous les documents fournis par son client, dont plusieurs emails qui prouveraient que les dirigeants de la maison de vente étaient au courant de cette fraude. « Mon client attend le procès avec impatience. Pour la première fois, toutes les preuves seront présentées. Pour la première fois en neuf ans, Dmitry Rybolovlev s’exprimera publiquement et fournira un compte rendu détaillé de la vérité sur cette affaire. Le procès peut apporter un autre avantage important : il peut montrer au monde comment le marché de l’art fonctionne parfois ; il peut mettre en garde d’autres collectionneurs et amateurs d’art pour qu’ils se protègent », expliquait-il dans un communiqué.
De son côté, Sara Shudofsky, l’avocate de Sotheby’s a assuré que Dmitry Rybolovlev « essaie de faire payer une partie innocente pour ce que quelqu’un d’autre lui a fait subir ». Elle avance également que l’oligarque aurait dépensé plusieurs centaines de millions d’euros sans prendre « les mesures les plus élémentaires » afin de se protéger d’une éventuelle fraude de la part d’Yves Bouvier. « Sotheby’s ne savait rien de ces mensonges. Sotheby’s n’était pas au courant et n’a pas participé à la moindre malversation », déclarait-elle auprès du juge.
Dans les prochaines semaines, plusieurs témoins des deux parties seront appelés à s’exprimer sur la fraude dont a été victime Dmitry Rybolovlev dans les douze dernières années.
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