Début janvier, le parquet italien a déclaré avoir ouvert une enquête sur Vittorio Sgarbi, le secrétaire d’Etat à la Culture. Historien et critique d’art de renom, il est effectivement accusé d’avoir participé au vol d’un tableau de Rutilio Manetti -un artiste du XVIIe siècle- et de l’avoir modifié afin de dissimuler son origine illicite avant une exposition.
Les personnalités politiques peuvent-elles être coupables de vol ?
C’est la question qui secoue l’Italie depuis le début du mois de janvier, et la diffusion d’un reportage sur La capture de Saint Pierre (1620-1630), de l’artiste italien Rutilio Manetti.
En 2013, la propriétaire originale du tableau avait signalé son vol et déclaré que l’œuvre avait été précisément découpée dans son cadre, afin d’en être retirée. Lors de son signalement aux autorités italiennes, elle avait précisé qu’un homme était venu lui demander d’acheter La capture de Saint Pierre, quelques semaines auparavant. L’homme en question, un ami de Vittorio Sgarbi, a remis à un expert en restauration une toile déchirée la même année. Le tableau en question était évidemment le Rutilio Manetti dérobé et signalé par sa propriétaire. La seule différence entre les deux œuvres, selon l’expert, était la présence d’une bougie dans le coin supérieur gauche de l’œuvre, qui aurait été ajoutée après le vol. Interrogé récemment par l’émission Report, de chaîne de télévision italienne Rai, le restaurateur affirme que ce détail aurait ainsi permis de détourner les soupçons.
Or, la diffusion récente d’un reportage sur La capture de Saint Pierre de Rutilio Manetti a mis en évidence l’existence de cette version modifiée du tableau. L’œuvre a effectivement été présentée lors d’une exposition dédiée au peintre du XVIIe siècle en 2021, et organisée par Vittorio Sgarbi. La ressemblance troublante avec la toile dérobée en 2013 et le témoignage du restaurateur ont suffi pour que les autorités italiennes ouvrent une enquête sur le secrétaire d’Etat à la Culture. En effet, si l’œuvre volée en 2013 et celle qu’il possède sont les mêmes, il aurait activement participé à un vol et contribué à dissimuler ce délit pour pouvoir exposer la toile.
A l’heure actuelle, Vittorio Sgarbi nie ces accusations avec force et prétend avoir trouvé le tableau dans une villa que sa mère a achetée en 2000. Au XVIIe siècle, cette demeure aurait d’ailleurs été celle du pape Innocent X, avant d’appartenir à une noble famille italienne. Toutefois, nombre d’experts du monde de l’art considèrent ses justifications comme rocambolesques. « Il n’y a pas de mystère, il y a juste deux tableaux », affirmait-il sur la chaîne de télévision Rete 4. De même, il assure que l’œuvre dérobée en 2013 serait en fait une « mauvaise copie » de celle qu’il possède, soit l’original. Il prétend également que le témoignage du restaurateur dans l’émission Report serait une vengeance personnelle, car il lui devrait une importante somme d’argent.
Malheureusement pour lui, l’opposition italienne réclame activement son renvoi, puisqu’il fait l’objet d’une autre enquête, depuis octobre, pour avoir monnayé sa présence à des conférences. En Italie, cette pratique est formellement interdite pour les membres du gouvernement. Au début de l’année 2023, il avait également suscité l’indignation à la suite de propos sexistes, lors d’un événement au musée MAXXI de Rome.
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