A Baden, en Suisse, le Musée Langmatt a pris la décision de sacrifier trois œuvres de Cézanne afin de renflouer sa trésorerie. Cependant, la branche suisse de l’ICOM, le Conseil international des musées, condamne cette vente qui devrait assurer la survie du Musée. Les trois œuvres seront mises aux enchères chez Christie’s, à New York, dès le 9 novembre.
Fondé en 1990 à Baden, en Suisse, le Musée Langmatt est l’un des plus iconiques de la région. En effet, il compte l’une des plus grandes collections privées d’impressionnisme français en Europe. Les cinquante œuvres exposées depuis plus de trente ans dans une villa Art nouveau du début du XXe siècle – léguée à la ville en 1987 à la mort du dernier héritier de la famille – représentent un trésor patrimonial, a priori inaliénable.
Cependant, la Fondation Langmatt, qui gère le musée, connaît de nombreux problèmes financiers depuis quelques années, qu’elle ne parvient pas à pallier malgré de nombreux « efforts alternatifs pour lever des fonds ». Malgré une contribution de plus de 10 millions d’euros de la ville de Baden et du canton d’Argovie pour rénover le lieu, ainsi que des donations individuelles, le musée aurait effectivement besoin de 42 millions d’euros pour survivre.
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« La fondation est presque insolvable », expliquait le directeur de la fondation, Markus Stegmann, à The Art Newspaper. « Il s’agit d’une mesure d’urgence. Je comprends les réactions – l’inquiétude et les craintes – mais il s’agit de l’existence du musée et de sa collection. Notre objectif est d’investir l’argent dans un fonds qui nous fournira le revenu d’un million de francs suisses par an dont nous avons besoin pour faire fonctionner le musée. »
De fait, trois œuvres majeures de l’artiste Paul Cézanne seront proposées aux enchères chez Christie’s, New York, dès le 9 novembre prochain. Ces trois tableaux sont La mer à l’Estaque, estimée entre 2,5 et 4,8 millions d’euros, Quatre pommes et un couteau, estimé entre 6 et 9,4 millions d’euros, et Fruits et pot de gingembre, estimé entre 33 et 52 millions d’euros. Réalisées entre 1878 et 1893, ces œuvres comptent parmi les plus représentatives du travail de l’artiste. Néanmoins, selon M. Stegmann, « le processus derrière une telle décision a nécessité plusieurs années de réflexion ».
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Malgré ces arguments, nombreux sont ceux qui s’indignent de cette décision, qu’ils jugent « scandaleuse » et « dangereuse ». Tobia Bezzola, président de la branche suisse de l’ICOM a notamment précisé dans un communiqué « qu’en aucun cas la valeur monétaire d’un objet ne devrait être un motif pour une désaccession [NDLR : retrait d’un objet pour le vendre] ». De son côté, l’ancien président du conseil de la Fondation Langmatt a promis de saisir la justice suisse si la vente a bel et bien lieu. Dans un courrier de son avocat, il prie d’ailleurs la maison de vente Christie’s d’informer les potentiels acquéreurs des tableaux que la vente est, selon lui, illégale.
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