Des vitraux du XIIIème siècle, qui ont été retirés de Notre-Dame il y a plus de 150 ans, ont été vendus chez Sotheby’s en 2015.
L’association Lumière sur le patrimoine a déposé une plainte, mardi 12 septembre, pour « vol et recel de vol » après la vente aux enchères, en 2015, de deux vitraux du XIIIème siècle qui ont orné la cathédrale de Notre-Dame de Paris jusqu’au XIXème siècle. La Brigade de Répression du Banditisme (BRB) a été saisie de l’enquête, a annoncé mercredi le parquet de Paris.
Selon Philippe Machicote, président de l’association, interrogé par Le Figaro, ces vitraux ont été retirés de Notre-Dame en 1862 lors de travaux de rénovation supervisés par Viollet-le-Duc. Ils auraient ensuite été vendus au XIXème siècle, avant de réapparaître lors d’une vente organisée par Sotheby’s en 2015.
L’association dénonce le manque de vigilance du ministère de la Culture qui semblait ignorer à la fois la disparition des vitraux et leur vente ultérieure. Convaincu que la vente de 2015 pose un important problème patrimonial, Philippe Machicote a créé l’association Lumière sur le patrimoine en juillet 2023, dans le but de préserver les biens culturels français et de lutter contre la perte du patrimoine national en aidant activement à la restitution des œuvres d’art volées.
Sotheby’s, de son côté, affirme ne pas avoir été contactée par l’association avant le dépôt de la plainte et se défend de toute irrégularité. « Avant de mettre ces biens en vente en 2015, des recherches poussées ont été effectuées et une note détaillée a été publiée dans le catalogue de la vente », précise la maison de vente. « Nous avons aussi obtenu toutes les autorisations nécessaires de la part des autorités compétentes, y compris les autorisations d’exportations. Experts et conservateurs de musées ont été avertis. »
D’après Sotheby’s, les vitraux « ont été démontés par Viollet-le-Duc en 1862, puis vendus par le maître verrier Edouard Didron entre 1877 et 1905 ». Ils ne proviennent donc pas d’un vol. La société précise que « des pièces similaires, avec la même provenance, font, aujourd’hui, partie de la collection du Musée d’Art et d’Histoire de Genève ».
L’un des vitraux, d’un diamètre de 39,5 cm, représente un ange céroféraire et provient de la rosace du bras nord du transept de Notre-Dame de Paris. Le second vitrail représente un ange thuriféraire (ange tenant l’encensoir), mesure 42,5 cm et a été réalisé entre 1250 et 1255. Il forme une paire avec l’Ange céroféraire. Estimés entre 40 000 et 60 000 euros pièce à l’époque, ils ont été vendus respectivement à 111 000 et 123 000 euros.
Leur localisation actuelle est inconnue, car ils ont été vendus séparément. Si le vol est avéré, le ministère de la Culture pourrait les récupérer, parce que les vitraux appartenaient à l’Etat en 1862.
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