Ces derniers mois, plusieurs artistes ont lancé des poursuites contre des sociétés d’IA. OpenAI, Midjourney ou StabilityAI, entre autres, sont effectivement accusées de violation de droits d’auteurs dans le cadre de l’entraînement de leurs générateurs de textes et d’images. Début janvier, l’entreprise OpenAI a toutefois déclaré qu’il est justement impossible de créer une IA sans utiliser d’œuvres protégées par le droit d’auteur.
« Étant donné que le droit d’auteur couvre aujourd’hui pratiquement toutes les formes d’expression humaine – y compris les articles de blog, les photographies, les messages de forum, les bouts de code de logiciel et les documents gouvernementaux – il serait impossible de former les meilleurs modèles d’intelligence artificielle d’aujourd’hui sans utiliser des documents protégés par le droit d’auteur », a affirmé la société OpenAI à la Chambre des Lords du Royaume-Uni. « Limiter les données d’entraînement aux livres et dessins du domaine public créés il y a plus d’un siècle pourrait donner lieu à une expérience intéressante, mais ne permettrait pas de fournir des systèmes d’IA répondant aux besoins des citoyens d’aujourd’hui. »
Cette justification d’OpenAI s’inscrit dans les preuves écrites fournies par l’entreprise dans le cadre d’une enquête de la commission des communications et du numérique de la Chambre des Lords quant aux outils tels que ChatGPT et DALL-E. En 2023, le gouvernement britannique avait proposé aux entreprises d’IA une exemption sur les lois protégeant le droit d’auteur afin qu’elles puissent librement entraîner leurs logiciels. Cependant, une vive réaction des artistes et des entreprises créatives a obligé le gouvernement de Rishi Sunak à se rétracter rapidement sur le sujet. Ses opposants politiques estiment d’ailleurs que ce projet d’assouplissement de la législation pour les développeurs d’IA s’inscrit dans les plans du gouvernement, dont l’objectif est de faire du Royaume-Uni une superpuissance de l’IA d’ici à 2030.
Voir aussi : Les activistes de Nullbuge piratent Disney pour protester contre l’art généré par IA
De leur côté, les internautes n’ont pas apprécié l’affirmation d’OpenAI quant à la nécessité d’utiliser des œuvres protégées pour entraîner son IA. « Traduction approximative : nous ne deviendrons pas fabuleusement riches si vous ne nous laissez pas voler, alors s’il vous plaît, ne faites pas du vol un crime. Bien sûr, Netflix peut payer des milliards par an en droits de licence, mais nous ne devrions pas avoir à le faire ! » écrivait l’auteur et entrepreneur Gary Marcus sur les réseaux sociaux. Plusieurs artistes et entreprises créatives ont également partagé de vives réactions sur le web.
Par ailleurs, la société américaine Andreessen Horowitz, spécialisée dans le capital-risque, a assuré aux ministres britanniques qu’une « surréglementation pourrait conduire l’Occident à prendre du retard dans des domaines tels que la cybersécurité, le renseignement et la guerre ». « Si le Royaume-Uni montre la voie à l’Occident en se plaçant à l’avant-garde de l’intelligence artificielle, nous pourrons établir des normes mondiales qui donneront la priorité à ces valeurs démocratiques dans le monde émergent régi par l’intelligence artificielle », a également ajouté cette société, connue pour son soutien aux grandes entreprises technologiques.
Voir aussi : Une œuvre générée par IA vendue à 32 000 €
Les développeurs d’IA, en proie à de nombreuses poursuites
L’entreprise OpenAI, qui a créé ChatGPT et DALL-E, fait effectivement l’objet de poursuites judiciaires, notamment engagées par le New York Times et plusieurs auteurs, dont George R. R. Martin et Jodi Picoult. Début janvier, OpenAI affirmait néanmoins dans un billet de blog que ces procès à son encontre sont « sans fondement ».
Mais la société a tout de même tenté d’établir des partenariats avec plusieurs fournisseurs de données et de conclure des accords de licence avec ces derniers. L’objectif d’OpenAI serait ainsi, dans un avenir proche, d’avoir le même type de partenariats avec des musées, galeries et artistes. De plus, l’entreprise a récemment développé une option de retrait pour les créateurs qui ne veulent pas que leurs œuvres figurent parmi les données utilisées pour entraîner les logiciels d’IA.
De même, les entreprises MidJourney, StabilityAI et DeviantArt sont poursuivies par un collectif d’artistes pour violation du droit d’auteur. Début janvier, une liste de 16 000 artistes dont les œuvres ayant servi à entraîner l’IA de MidJourney a été publiée sur les réseaux sociaux, afin que d’autres créateurs puissent se joindre à ces actions en justice.
Laisser un commentaire