La petite histoire de la photo

« La photographie, c’est mieux qu’un dessin, mais il ne faut pas le dire » – Jean-Auguste Ingres.

La naissance de la photographie

Les origines de la photographie se trouvent à la croisée de l’optique et de la chimie. La camera obscura, une chambre sombre munie d’un petit orifice laissant entrer la lumière, est à l’origine du principe fondamental de la capture d’images. Le procédé connu depuis l’Antiquité, est utilisé par Léonard de Vinci, Johannes Vermeer ou Canaletto pour reconstituer l’espace en perspective de leurs tableaux. Mais c’est la découverte de matériaux sensibles à la lumière, notamment le chlorure d’argent, qui a permis de fixer ces images de manière permanente. C’est en 1780 que ces deux éléments, la camera obscura et le chlorure d’argent, sont associés. Malheureusement, faute de fixateur, Jacques Charles ne parvient pas à conserver l’image ainsi obtenue, tout comme l’anglais Thomas Wedgwood en 1802.

Une course technologique

L’invention de la photographie est loin d’être attribuable à un seul individu. Plusieurs pionniers, en Europe, ont contribué à cette révolution. Nicéphore Niépce est généralement considéré comme le véritable pionnier de ce médium. En 1816, il réussit à capturer une image négative sur papier grâce à une chambre noire, posant ainsi les bases de la photographie. En 1822, il perfectionne son procédé, qu’il nomme héliographie, utilisant des plaques de cuivre recouvertes de bitume de Judée. Les plus anciennes photographies connues, La Table servie et Le Point de vue du Gras, datent de cette période.

Parallèlement, Louis Daguerre, un peintre français, s’associe à Niépce pour améliorer le procédé. Entre 1835 à 1839, il met au point le premier procédé photographique commercial, qu’il appelle le daguerréotype. En Angleterre, vers 1835, William Henry Fox Talbot développe en parallèle le calotype, un procédé permettant de réaliser plusieurs copies d’une même image. C’est une avancée majeure qui rend la photographie plus accessible. En 1839, le gouvernement français officialise l’invention de Daguerre, occultant le rôle de Niépce.

La photo, reflet de la société

Diffusé dans le monde entier, le daguerréotype démocratise le portrait, faisant de lui un symbole de statut social. Les ateliers photographiques fleurissent, attirant une clientèle bourgeoise, en quête de reconnaissance sociale. Des photographes renommés comme Nadar immortalisent les élites intellectuelles et artistiques, telles que Richard Wagner, Charles Baudelaire, George Sand ou encore Victor Hugo.

Parallèlement, la photographie sert à documenter le monde. Des expéditions scientifiques et des missions gouvernementales utilisent cet outil pour explorer et cataloguer des lieux et des cultures. La Mission héliographique, lancée en 1851 en France, est un exemple emblématique. La guerre de Sécession (1861-1865) marque les débuts du photoreportage de guerre. Les conflits armés suivants seront largement documentés, révélant parfois des manipulations et des falsifications de l’image. Eugène Atget, par exemple, se consacre à documenter le Paris populaire, créant un riche répertoire visuel d’une ville en transformation. Les rues désertes, les commerces de quartier et les monuments historiques deviennent les sujets de ses photographies, qu’il considère comme des « documents pour artistes ».

De la photo à l’Art…

La photographie a longtemps été l’objet de débats quant à son statut artistique. Si certains la considéraient comme une simple technique, d’autres, comme les pictorialistes, courant dominant à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, cherchaient à l’élever au rang de peinture, notamment en utilisant des techniques comme le flou ou le ton sépia.

Au XXe siècle, l’avènement de la straight photography a marqué un tournant, privilégiant une approche plus directe et réaliste. Des photographes comme Paul Strand et Alfred Stieglitz défendent alors l’idée d’une photographie pure, non manipulée, qui révèle la réalité telle qu’elle est.

Parallèlement, les avant-gardes ont expérimenté de nouvelles techniques et de nouveaux langages photographiques, ouvrant ainsi la voie à des expressions artistiques plus libres et plus personnelles. Man Ray, László Moholy-Nagy et d’autres ont exploré les possibilités de la photographie en la combinant avec d’autres arts, comme la peinture et le collage.

Depuis les années 1950, la photographie s’est imposée comme un art à part entière, grâce notamment au photojournalisme (Henri Cartier-Bresson, Robert Cappa) et à la photographie de mode (Richard Avedon, Helmut Newton). Aujourd’hui, elle se caractérise par une grande diversité de styles et de sujets.


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