Au début du mois d’avril, le tribunal civil et administratif de Tasmanie a jugé en faveur de Jason Lau, un visiteur du Musée des arts anciens et nouveaux (MONA) de la ville de Hobart. Après une visite au MONA, M. Lau avait effectivement poursuivi le musée quant à l’exposition « Ladies Lounge », exclusivement réservée aux femmes.
En 2020, le Musée des arts anciens et nouveaux de Hobart, en Tasmanie, ouvrait la collection « Ladies Lounge ». Cette exposition exclusivement réservée aux femmes présentait les œuvres les plus impressionnantes du musée et des antiquités du monde entier. Selon le site du MONA, le « Ladies Lounge » proposait d’ailleurs de la nourriture et du champagne à ses visiteuses, dans un espace « extrêmement somptueux ».
Au début de l’année 2024, Jason Lau a visité le MONA de Hobart et demandé à découvrir l’espace « Ladies Lounge ». Toutefois, il s’est immédiatement vu refuser l’accès à ce salon réservé aux femmes et s’est ensuite plaint au commissariat anti-discrimination de la région. « J’ai visité la MONA, j’ai payé 35 dollars australiens. Quiconque achète un billet s’attend à ce que les biens et les services fournis soient équitables, » déclarait-il. De fait, le tribunal civil et administratif de Tasmanie a pris en compte sa plainte et entamé une poursuite contre l’institution.
Dans le cadre de ces poursuites, l’avocate du MONA, Catherine Scott, a fait valoir que l’espace « Ladies Lounge » respectait une disposition légale de la Tasmanie autorisant à mettre en place une entrée sélective si elle rendait justice aux personnes privées de leurs droits. Selon elle, le « Ladies Lounge » corrige les erreurs du passé, en allant à rebours des enclos de détention des pubs australiens, dans lesquels les femmes attendaient les hommes. Cette mesure du pays fut notamment en vigueur jusqu’en 1965. De même, l’avocate précise que M. Lau a tout de même profité des autres collections du MONA, grâce au billet d’entrée qu’il a acheté.
Contre toute attente, néanmoins, le juge Richard Grueber a donné raison au plaintif et estimé que l’entrée sélective du « Ladies Lounge » est une « discrimination directe ». M. Grueber a décidé que le MONA devait cesser d’interdire l’entrée de cet espace aux hommes. « On ne voit pas comment le fait d’empêcher les hommes de découvrir l’art dans l’espace du Ladies Lounge, ce qui est la principale plainte de M. Lau, favorise la possibilité pour les artistes féminines d’exposer leurs œuvres, » précisait sa décision.
« Si le Ladies Lounge était un club réservé aux femmes, il pourrait très bien fonctionner légalement, » détaillait M. Grueber. « Si le Ladies Lounge offensait, humiliait, intimidait, insultait ou ridiculisait M. Lau, ou incitait à la haine, au mépris grave ou au ridicule grave à l’égard de M. Lau, plutôt que de le discriminer, [MONA] pourrait avoir une bonne défense fondée sur un objectif artistique de bonne foi. Toutefois, la loi n’autorise pas la discrimination fondée sur un objectif artistique de bonne foi en soi. »
De son côté, l’artiste et conservatrice du MONA Kirsha Kaechele a indiqué que le but du « Ladies Lounge » était justement de privilégier les femmes. Lors de l’audience, Mme Kaechele s’est présentée devant le palais de justice avec plusieurs femmes, qui ont dansé sur l’air de « Simply Irrestible » de Robert Palmer. À la suite de la décision du juge, la conservatrice a déclaré qu’elle était prête à porter l’affaire devant la Cour Suprême de Tasmanie. De même, le MONA a affirmé qu’il préférait fermer l’exposition plutôt qu’autoriser l’accès aux hommes. Le musée dispose de 28 jours pour donner suite à cette affaire.
Laisser un commentaire