Des archéologues s’opposent au projet de restauration de la pyramide de Menkaure

Au début de l’année 2024, le gouvernement égyptien a dévoilé un programme de restauration de la pyramide de Menkaure, sur le plateau de Gizeh. Cependant, ce projet a suscité de vives réactions de la part des archéologues et égyptologues.

La Pyramide de Menkaure, sur le plateau de Gizeh (Crédit : Universal Images Group via Getty Images)

Mostafa Waziri, le secrétaire général du Conseil suprême des antiquités en Egypte, a récemment dévoilé dans une vidéo un programme de restauration de la pyramide de Menkaure, sur le plateau de Gizeh. L’objectif principal de ce projet est la restauration de la façade du monument, autrefois recouverte de 16 couches de granit. Pour ce faire, les spécialistes utiliseront les blocs de granit à la base de la pyramide. M. Waziri détaille que le programme de restauration a été lancé en collaboration avec le gouvernement japonais et l’égyptologue Sakuji Yoshimura. Il précise que la première étape du projet sera une étude des blocs de pierre présents au pied de la pyramide et la réinstallation du revêtement extérieur de l’édifice.

Toutefois, cette annonce a suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. Plusieurs internautes ont notamment qualifié le projet de « triste désastre », semblable à l’initiative de redressement de la Tour de Pise.

De son côté, Monica Hanna, une égyptologue renommée, a décrié ce programme de restauration sur son compte Facebook. Elle critique, entre autres, la volonté d’utiliser les blocs de granit à la base de la pyramide, car ils ne sont pas polis. Cela signifie, selon elle, qu’ils ont été laissés par les ouvriers ayant construit le monument et qu’ils ne sont donc pas adaptés à une telle utilisation. « Le désaccord ne porte pas sur la méthodologie ou l’application, mais plutôt sur les principes fondamentaux et les axiomes du travail archéologique », expliquait-elle.

De même, M. Hanna conteste la manière dont M. Waziri a présenté le projet qui est, selon elle, « trop cinématographique ». Elle explique que le secrétaire général aurait dû publier l’étude complète du programme de restauration dans une revue archéologique internationale. Cela aurait permis à un comité d’experts d’évaluer la viabilité du projet et d’en commenter certains détails. Par la suite, M. Waziri aurait ainsi pu, ou non, entreprendre les travaux de construction. Or, dans sa vidéo, le secrétaire général détaille la future restauration de la pyramide, tandis que des ouvriers débutent le chantier en arrière-plan.

Enfin, l’égyptologue affirme que ces travaux de restauration pourraient compromettre l’inscription au patrimoine mondial de la nécropole de Memphis. En effet, la demande d’inscription contient le plateau de Gizeh et les pyramides s’y trouvant. Elle ajoute que ce projet « revient à manipuler les antiquités égyptiennes et à porter atteinte à leur ancienneté et à leur histoire ». La publication Facebook de Monica Hanna est accompagnée d’un formulaire Google, invitant les archéologues à faire part de leurs préoccupations sur le sujet.

 

Réponse de l’équipe de restauration de la pyramide de Menkaure

Mohamed Al-Saidi, l’un des membres de l’équipe du projet, explique dans une vidéo que cette initiative pourrait permettre de nombreuses découvertes scientifiques. Il précise que le projet était en cours depuis longtemps, mais que le coût de restauration était auparavant trop important. Il réfute également le fait que les autorités égyptiennes n’auraient pas tenu compte de la méthode scientifique ni de sa valeur académique avant de débuter le chantier. « Nous disposons officiellement d’un plan, qui présente tous nos objectifs, nos plans et nos étapes aux comités techniques », assure-t-il.

De plus, Nour Badr, le chef de l’équipe scientifique chargée de documenter les blocs de granit, a déclaré avoir utilisé une technologie japonaise pour créer un modèle numérique 3D de la pyramide. « Nous utilisons et réassemblons les véritables blocs qui sont tombés au sol depuis la pyramide elle-même », détaille-t-il. « On dit que nous ajoutons de nouvelles choses. Mais nous utilisons des matériaux de restauration internationaux qui ont des spécifications normalisées approuvées par des comités internationaux pour les travaux de restauration et d’assemblage. »


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