Selon un rapport récent, la plupart des pays n’ont fait que de maigres progrès en matière de restitution des biens culturels pillés par les nazis. Début mars, le département d’Etat américain a donc décidé d’adopter de nouvelles lignes directrices pour une meilleure application des Principes de Washington.
Le 3 décembre 1998, les représentants de 44 nations et de 13 organisations non gouvernementales ont approuvé les Principes de Washington. Ces onze principes, rédigés après trois jours de réunions lors de la Conférence de Washington sur les biens issus de l’Holocauste, visent à la restitution de l’art spolié par les nazis. Le premier d’entre eux affirme que « L’art qui a été confisqué par les nazis et qui n’a pas été restitué par la suite doit être identifié ».
Vingt-cinq ans après l’approbation des Principes de Washington, l’Organisation mondiale pour la restitution juive (WJRO) a publié un rapport intitulé « Biens culturels pillés à l’époque de l’Holocauste : un aperçu mondial actuel ». Selon ce rapport, la plupart des pays n’ont pas appliqué les Principes de Washington et peu de progrès ont été faits en matière de restitution des biens culturels pillés par les nazis. De fait, 24 des 47 pays n’ont pas effectué de recherches historiques, n’ont pas lancé de procédures de réclamation ou n’ont pas « procédé à un nombre substantiel de restitutions ». De plus, le document du WJRO détaille que les objets culturels provenant de collections privées doivent faire l’objet d’une attention accrue à l’avenir.
Début mars, lors d’un événement à Washington organisé par le WJRO et la Conférence sur les revendications matérielles juives contre l’Allemagne, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a affirmé vouloir renforcer l’application des Principes de Washington. Pour cela, le représentant de l’Etat a dévoilé les « Meilleures pratiques pour les principes de Washington sur l’art confisqué par les nazis ». Grâce à ce document, approuvé par 22 pays, M. Blinken espère résoudre les problèmes financiers et juridiques qui freinent la restitution des biens culturels pillés pendant l’Holocauste.
« Sur les millions d’œuvres d’art et de biens culturels volés par les nazis, d’innombrables objets n’ont toujours pas été restitués à leurs propriétaires », affirmait M. Blinken lors de l’événement. « Aujourd’hui, trop de gouvernements, de musées, de marchands, de galeries et de particuliers résistent encore aux efforts de restitution… tandis que les héritiers se heurtent à des obstacles juridiques et financiers stupéfiants face à des adversaires dont les ressources dépassent largement les leurs. »
Dans son discours, le secrétaire d’Etat indique que les « Meilleures pratiques » précisent ce qui est considéré comme de l’art spolié par les nazis. De même, le document propose des solutions aux pays pour améliorer la recherche de provenance des biens culturels et les processus de restitution. En effet, les possesseurs actuels de l’art spolié sont souvent favorisés au détriment des propriétaires légitimes, selon M. Blinken.
L’application des Principes de Washington ralentie depuis plusieurs années
Le rapport du WJRO corrobore les commentaires que le conseiller spécial de M. Blinken, Stuart E. Eizenstat, a fait quant aux progrès de restitution de ces biens culturels. M. Eizenstat a effectivement organisé la conférence de Washington en 1998 et négocié l’adoption des onze principes par les pays participants. « De nombreux pays n’ont même pas commencé à effectuer des recherches sur la provenance, tandis que d’autres ont considérablement limité les recherches, et d’autres encore n’enquêtent pas sur les acquisitions postérieures au début des années 1950, alors que les œuvres d’art pillées sont présentes sur le marché de l’art depuis des décennies », détaillait-il à ArtNews en 2013.
Dans un communiqué récent, M. Eizenstat approuvait les « Meilleures pratiques » dévoilées par M. Blinken et affirmait qu’elles devraient faciliter l’application des Principes de Washington dans les années à venir. « Bien qu’elles ne soient pas juridiquement contraignantes, elles sont moralement importantes et, comme les Principes de Washington, elles feront progresser la restitution des œuvres d’art », déclarait-il.
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