Dans l’Eure, le Grand château de Serquigny victime d’un incendie

Dans la nuit du 30 au 31 décembre dernier, un violent incendie a ravagé le Grand château de Serquigny, dans l’Eure. Datant du XVIIe siècle, l’édifice était laissé à l’abandon depuis de nombreuses années. A l’heure actuelle, les causes de l’incendie n’ont pas été déterminées, mais les dommages pour la bâtisse demeurent très importants.

Photographie aérienne du Grand château de Serquigny pendant l'incendie
Photographie aérienne du Grand château de Serquigny pendant l’incendie

L’incendie du 31 décembre a causé d’importants dégâts au château de Serquigny. Dans un communiqué, la préfecture de l’Eure détaillait : « ​​​​Seules les deux façades et l’une des ailes pourraient être en partie préservées, sous réserve d’un effondrement toujours possible et des effets des quantités d’eau déversées sur la structure pour fixer l’incendie ». La préfecture ajoute que deux cheminées de l’édifice ont également été détruites, tandis que deux autres menacent de s’effondrer. Lors de l’incendie, les camions de pompiers n’ont malheureusement pas pu s’approcher suffisamment de la bâtisse, en raison de leur largeur. Les flammes donc été domptées uniquement avec des lances à main.

De son côté, Frédéric Delamare, le maire de Serquigny déplore le fait que le château était laissé à l’abandon par ses propriétaires. « Je suis sûr qu’aucun des 40 propriétaires n’a conscrit une assurance pour la partie du château dont ils sont acquéreurs. On va prendre contact avec les services de l’État pour regarder quelles solutions seraient envisageables pour donner une suite plus favorable et réjouissante à ce grand château. » Lorsque les murs de la bâtisse seront consolidés, il espère mettre en œuvre une procédure d’expropriation au profit de la commune de Serquigny. Cette procédure ne pourra être réalisée qu’avec l’appui du Ministère de la Culture et d’autres fondations.

Un phénomène complexe de multipropriété

Le Grand château de Serquigny appartient à près d’une quarantaine de propriétaires, ayant tous acheté des parcelles de cet édifice laissé à l’abandon, mais dont l’une des façades est classée au titre des monuments historiques. Pour ces investisseurs, ce phénomène de multipropriété présente de nombreux avantages fiscaux, comme des exonérations ou une déduction quant aux dépenses pour les travaux. Cependant, le château de Serquigny est au cœur d’une bataille administrative pour identifier ses différents propriétaires et l’incendie du 31 décembre risque de compliquer ce litige.

En effet, en France, les propriétaires d’un bien classé au titre des monuments historiques est responsable de sa préservation. De fait, ils sont soumis à d’importantes contraintes, comme l’utilisation de matériaux spécifiques pour les éventuels travaux, l’obligation d’obtenir des autorisations avant tout projet de rénovation, etc. Dans le cas du château de Serquigny, ces contraintes sont moindres, puisqu’une seule façade de l’édifice est classée. Néanmoins, le reste de la bâtisse est soumis à des règles de préservation du patrimoine architectural.

Sur les réseaux sociaux, l’un des propriétaires s’est manifesté le 2 janvier. Il s’agit de Bryan Bergougnoux, un ancien joueur professionnel du Toulouse Football Club. Alors que plusieurs déplorent la dégradation manifeste du château ayant mené à son incendie, ce dernier exprime sa colère : « Le château où j’ai acheté comme beaucoup d’autres personnes des parcelles et les travaux n’ont jamais été réalisés ! Immense arnaque ou beaucoup de personnes se sont bien gavées ! J’espère qu’un jour il y aura une enquête sur toute cette affaire et que des gens paieront ! »

Malheureusement, l’incendie du 31 décembre témoigne d’une absence de préservation du château de Serquigny et d’un manquement à la réalisation de travaux nécessaires à sa protection. Selon le journal Paris-Normandie, la propriété était « régulièrement visitée », mais « aucun élément recueilli sur place ne permet de confirmer la présence durable de personnes sans droit ni titre ». Toutefois, les autorités suspectent que l’une de ces occupations illégales soit à l’origine de l’incendie.


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