Une récente étude publiée dans la revue Antiquity dévoile que les marbres du Parthénon auraient été colorés et ornés de motifs complexes. Les scientifiques ont analysé ces objets avec des méthodes non invasives, révélant ainsi de nombreux pigments colorés sur le marbre. Cette découverte confirme ainsi plusieurs théories émises par les archéologues dans les dernières années.
Les marbres du Parthénon sont des sculptures qui ont été réalisées au Ve siècle avant notre ère pour décorer le temple consacré à la déesse Athéna dans la Grèce antique. Depuis 1816, la plupart des marbres du Parthénon sont conservés au British Museum, à Londres. Ces œuvres emblématiques fascinent les archéologues depuis leur découverte. Au fil des décennies, plusieurs d’entre eux ont d’ailleurs soupçonnés que les marbres étaient peints, à l’origine. Mais, auparavant, aucune étude n’avait permis de retrouver des traces de pigments colorés.
En 2023, le scientifique Giovanni Verri du département de conservation et de recherche du British Museum, a utilisé une technique de luminescence induite visible (LIV) pour étudier les célèbres marbres du Parthénon. « En 2007, j’ai mis au point cette technique d’imagerie capable de cartographier la présence d’un pigment appelé bleu égyptien », explique-t-il dans son rapport, publié dans Antiquity. « Les sculptures du Parthénon étaient l’un des principaux candidats pour vérifier si la VIL pouvait trouver des traces survivantes. Et c’est ce qui s’est passé. » Les résultats de son analyse « ont dépassé les attentes, révélant une grande richesse de peintures survivantes ».
En effet, la méthode du LIV a révélé de grandes quantités de bleu égyptien sur 11 des sculptures, ainsi qu’un personnage gravé dans le marbre. De même, des traces de pigments blancs et violets ont pu être découverts lors de l’étude. Le pigment bleu égyptien, composé de cuivre, de calcium et de silicium, a été créé il y a plus de 5 000 ans. Notamment utilisé par les Grecs et les Romains, il servait généralement de base de couleur et était mélangé à d’autres pigments. Sur les marbres du Parthénon, ce pigment a permis aux scientifiques de distinguer les jambes de Cécrops – le fondateur mythique d’Athènes – et les vagues émergeant du char d’Hélios – dieu du Soleil. De son côté, le pigment pourpre a suscité la curiosité des scientifiques, car il ne correspond pas au pigment habituellement utilisé dans l’Antiquité. Celui des sculptures du Parthénon serait effectivement d’origine animale ou végétale, tandis que le pourpre de Tyr antique est issu du broyage de certaines espèces d’escargots de mer.
Selon Giovanni Verri, le pigment pourpre retrouvé sur les marbres correspondrait à une couleur mentionnée dans plusieurs traités égyptiens, rédigés en grec. « Ils disent explicitement qu’ils pouvaient fabriquer des couleurs pourpres d’une beauté indescriptible et qu’il valait la peine de garder la recette secrète. Une recette bien gardée. Nous ne l’avons d’ailleurs pas encore découverte », détaille-t-il dans son rapport. De plus, l’étude dévoile que les sculptures du Parthénon auraient été peintes sur leur face arrière, là où les couleurs auraient été dissimulées une fois les marbres installés.
Une influence notable dans la Grèce antique
Lors de sa construction au Ve siècle avant notre ère, le Parthénon comptait parmi les édifices les plus imposants de la Grèce antique. Considéré comme un temple et un trésor – lieu où les Grecs entreposaient les objets de valeur, il surplombait la ville d’Athènes depuis l’Acropole et asseyait la suprématie de la ville. De fait, « l’utilisation de la couleur pourrait également avoir eu pour but d’aider le spectateur à identifier les figures à distance, à des fins religieuses ou même politiques » pense M. Verri. Néanmoins, son équipe considère également que la coloration des marbres du Parthénon a sans doute influencé la sculpture dans le monde hellénistique. « Il est probable que la peinture de la sculpture du Parthénon s’est inspirée de la tradition tout en introduisant des éléments novateurs », conclue l’auteur de l’étude.
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