Les musées occidentaux accusés de « réduire au silence » les voix palestiniennes

Depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre dernier, le conflit israélo-palestinien déchire les communautés artistiques et culturelles. Nombre d’artistes ayant pris position quant à la situation politique dans la bande de Gaza ont d’ailleurs vu leurs expositions annulées ou leurs œuvres censurées. A la fin du mois de novembre, plus de 1300 artistes ont signé une lettre ouverte accusant les institutions culturelles occidentales de « réduire au silence et stigmatiser » les voix et les points de vue palestiniens.

Visuel de l'organisation Artists for Palestine UK
Visuel de l’organisation Artists for Palestine UK

Plusieurs grands noms de l’art britannique, comme Olivia Colemand ou Molly Crapabble, comptent parmi les signataires de la lettre ouverte de l’organisation Artists for Palestine UK. En octobre dernier, le collectif a publié une première lettre demandant un cessez-le-feu immédiat et permanent dans la bande de Gaza. Le 30 novembre, une seconde lettre se destinait plutôt aux musées et galeries occidentaux, accusés de « réduire au silence et stigmatiser » les points de vue et les voix palestiniens. Selon Artists for Palestine UK, cette injonction inclut « le ciblage et la menace des moyens de subsistance des artistes et des travailleurs artistiques qui expriment leur solidarité avec les Palestiniens, ainsi que l’annulation de représentations, de projections, de conférences, d’expositions et de lancements de livres ».

La lettre ouverte du 30 novembre a été rédigée en réaction aux récentes annulations et reports d’expositions des institutions culturelles occidentales, en lien avec l’opinion des artistes quant au conflit israélo-palestinien. Début décembre, l’une des expositions londoniennes de l’artiste Ai Weiwei à la Lisson Gallery a effectivement été repoussée après un tweet critiquant l’aide des Etats-Unis envers Israël. De son côté, le Musée Saarland, en Allemagne, a annulé l’exposition de Candice Breitz après son appel à un cessez-le-feu à Gaza. De même, le Musée Folkwang a interrompu la contribution de l’écrivain et conservateur Anaïs Duplan à la suite de son engagement avec des contenus propalestiniens sur Instagram.

« Dans chaque cas, l’institution a attribué l’annulation à des commentaires faits par l’artiste en faveur des droits des Palestiniens et sans rapport avec le contenu de son travail professionnel. […] Les expressions de solidarité volontiers offertes à d’autres peuples confrontés à une oppression brutale n’ont pas été étendues aux Palestiniens, » détaille la lettre ouverte, qui évoque un « double standard inquiétant » des institutions culturelles occidentales. Enfin, la missive conclut que « de nombreux artistes refusent de travailler avec des institutions qui ne respectent pas [ces] obligations fondamentales de défendre la liberté d’expression et la lutte contre la discrimination lorsqu’il s’agit d’un discours sur la Palestine ».

A la fin de l’année 2023, plusieurs organisations artistiques ou culturelles ont également été critiquées ou boycottées par les artistes. Plus de 2000 poètes ont par exemple choisi de boycotter la Poetry Foundation, après un refus de publier une critique de Joshua Gutterman sur la collection PIG de Sam Sax (jugée antisioniste). De même, le média Artforum a été vivement critiqué après le licenciement de son rédacteur en chef, David Velasco. Ce dernier avait effectivement publié une lettre ouverte appelant à un cessez-le-feu à Gaza et à la libération de la Palestine.


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