Le jeu vidéo Fortnite inaugure un musée virtuel sur l’Holocauste

Luc Bernard, l’inventeur et développeur du premier jeu éducatif sur l’Holocauste, The Light in the Darkness (La lumière dans l’obscurité), a lancé un projet avec Epic Games dans le jeu vidéo Fortnite. Au début du mois d’août, un musée virtuel a été inauguré dans le jeu, accessible à ses 500 millions de joueurs à travers le monde.

Image du musée de l'Holocauste, dans le jeu vidéo Fortnite
Image du musée de l’Holocauste, dans le jeu vidéo Fortnite

En 2011, le studio américain Epic Games dévoilait Fortnite, un jeu vidéo en ligne de tir et de survie entièrement gratuit. Considéré comme l’un des plus populaires de l’Histoire, Fortnite compte désormais plus de 500 millions de joueurs à travers le monde. Inédit dans le domaine, ce succès a ainsi attiré nombre d’artistes et de projets artistiques dans les dernières années. Parmi eux, le chanteur Travis Scott, le DJ Marshmello et la chanteuse Aya Nakamura, qui ont fait des concerts live dans le jeu, devant près de 10 millions de spectateurs virtuels. En 2021, Epic Games a également lancé une expérience interactive dans Fortnite, permettant aux joueurs de découvrir l’histoire de Marthin Luther King et le mouvement des droits civiques aux Etats-Unis. Deux ans plus tard, le studio inaugure un musée virtuel dédié à l’Holocauste, initié par le développeur Luc Bernard.

Nommé Voices of the Forgotten (Les voix des oubliés), le musée propose de nombreuses informations sur l’Holocauste, dont des histoires moins connues du grand public. La plateforme compte notamment des plaques sur le résistant néerlandais Willem Arondéus, sur les juifs d’Afrique du Nord, sur les personnes LGBTQ+ et sur les émeutes de Tripolitaine. L’exposition revient également sur la nuit de Cristal, ces pogroms anti-juifs des 9 et 10 novembre 1938. Luc Bernard espère qu’à travers ces éléments, les joueurs pourront mieux comprendre l’histoire de la Shoah. « Les jeux vidéo sont la plateforme la plus utilisée aujourd’hui. Ils sont plus importants que les films ou la musique. Les jeux vidéo sont l’avenir de la narration. C’est pourquoi j’y ai vu une plateforme idéale pour sensibiliser sur l’Holocauste », affirme-t-il. A travers cette initiative gratuite au public, le développeur espère également éduquer les près de 80 % de jeunes américains qui ne sont jamais allés dans un musée.

Cependant, le projet lancé par Luc Bernard et Epic Games suscite un profond scepticisme, même parmi des groupes comme l’Anti-Defamation League ou Lost Tribe, qui dénoncent l’antisémitisme croissant parmi les joueurs de jeu vidéo. « Je pense qu’il s’agit d’un élément éducatif difficile, probablement impossible à gamifier », déclare notamment Brian Soileau, directeur général de l’organisation Lost Tribe, qui utilise les jeux vidéo pour faire participer les adolescents juifs.

Un véritable devoir de mémoire de l’Holocauste

A l’adolescence, Luc Bernard a pu découvrir l’histoire de sa famille et de l’Holocauste, à travers les récits de ses proches. Malgré les non-dits, il a notamment appris que sa grand-mère – une juive britannique – avait contribué à sauver des enfants juifs du Kindertransport. Selon lui, c’est à cette période qu’il a commencé à s’intéresser au génocide juif et à la nécessité de transmettre ces récits. Néanmoins, le développeur affirme avoir grandi « dans une région pauvre et rurale de France », sans aucune éducation juive. Féru de jeux vidéo lui-même, il eut tôt fait de comprendre que ce divertissement pouvait offrir une expérience des plus immersives et que les jeux n’avaient pas besoin d’être amusants pour être intéressants.

En 2023, après près de 15 ans de travail et de réflexion, le développeur a pu lancer The Light in the Darkness (La lumière dans l’obscurité), un jeu vidéo dont les protagonistes sont une famille de juifs français durant l’Holocauste. Contrairement à nombre de jeux dont l’intrigue se place à la même époque, celui de Luc Bernard ne peut pas être gagné par les joueurs : à la fin, la famille est obligatoirement assassinée par les nazis. Selon lui, cette fin malheureuse est nécessaire pour que le jeu soit éducatif et pertinent.

« Je ne voulais pas donner l’impression que les gens avaient le choix durant l’Holocauste », affirme Luc Bernard. « Les seuls survivants ont seulement eu de la chance. » Pour lui, The Light in the Darkness et le musée virtuel de Fortnite ne sont qu’un volet de sa mission de vie : éduquer sur l’Holocauste à travers le jeu vidéo.


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