La mystérieuse Mona Lisa d’Isleworth : une révélation inattendue de l’histoire de l’art

Jusqu’au 26 mai 2024, la Fondation Mona Lisa de Zurich présente une exposition inédite : « La première Joconde ». Sous ce titre des plus intrigants, se cache en réalité l’une des plus grandes controverses de l’art. En effet, un portrait semblable à la célèbre Joconde (1503-1517) interroge de nombreux experts depuis plusieurs décennies. Parmi eux, certains estiment qu’il s’agit d’une première version du chef d’œuvre de Léonard de Vinci.

La Joconde d'Isleworth (XVe-XVIe siècle)
La Joconde d’Isleworth (XVe-XVIe siècle)

En 1778, un mystérieux tableau traverse l’Europe pour franchir les côtes anglaises et rejoindre le manoir d’un collectionneur privé, dans le Somerset. Plus d’un siècle plus tard, en 1914, l’artiste et marchand d’art Hugh Blaker -qui vit à Isleworth- rachète le tableau et le surnomme « Mona Lisa d’Isleworth ». Dans les années 1960, c’est le collectionneur d’art Henry Pulitzer qui acquiert l’œuvre, avant de la léguer à sa femme Elizabeth Meyer en 1979. Lorsque cette dernière décède en 2008, le portrait est racheté par un consortium international.

Jusqu’à son exposition par la Fondation Mona Lisa en décembre dernier, le tableau n’avait pas réellement interpellé les experts. Cette association, fondée en 2011, affirme effectivement que la Joconde d’Isleworth est une première version du chef d’œuvre de Léonard de Vinci. Réalisé entre le XVe et le XVIe siècle, il met en scène une figure très similaire à la Mona Lisa du maître. Néanmoins, le modèle d’Isleworth paraît bien plus jeune que celui de l’œuvre iconique. Son visage et ses traits, entre autres, sont plus fins que ceux de l’original. Même si cette antériorité n’est pas confirmée -tout comme son attribution à Léonard de Vinci- une telle supposition pourrait probablement bouleverser le marché de l’art. Récemment, l’attribution du Salvator Mundi à De Vinci a par exemple permis une vente record du tableau à plus de 440 millions d’euros.

La Fondation Mona Lisa affirme pourtant que la Joconde d’Isleworth a été peinte par De Vinci, près de dix ans avant la Joconde. De fait, plusieurs études ont corroboré cette théorie au cours des dernières décennies. « Nous avons prouvé au-delà de tout doute raisonnable que Léonard a peint deux Joconde, et celle-ci est la seule candidate pour être la seconde », déclarait Joël Feldman, secrétaire général de l’association, au média The Times. « C’est l’occasion de présenter les progrès considérables qui ont été accomplis ces dernières années pour confirmer l’attribution de l’œuvre à Léonard ».

Cependant, plusieurs experts estiment que la Joconde d’Isleworth est, en réalité, une copie. Mi-décembre, le critique d’art britannique Jonathan Jones soulignait que Léonard de Vinci a travaillé pendant plusieurs années sur la Joconde, en la perfectionnant couche par couche. Selon lui, l’existence d’une version antérieure au chef d’œuvre est improbable. Dans un communiqué, l’expert a qualifié la Mona Lisa plus jeune de « faux délibéré » et de « mauvaise copie ». De son côté, le spécialiste de De Vinci et professeur d’histoire de l’art Martin Kemp assure que la Joconde d’Isleworth n’est qu’une copie contemporaine du chef d’œuvre.

A l’heure actuelle, la Joconde d’Isleworth n’a pas été officiellement attribuée à Léonard De Vinci, mais des analyses techniques plus approfondies pourraient permettre une authentification définitive de son auteur.


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