En Angleterre, une énigme de l’Âge de Fer enfin résolue

Pendant près d’un quart de siècle, les archéologues se sont interrogés sur l’identité d’un squelette découvert dans les îles Scilly, au sud-ouest de l’Angleterre. Contenant une épée et un miroir, attributs respectivement assignés aux hommes et aux femmes à l’époque, la dépouille demeurait une véritable énigme pour les experts. Heureusement, une nouvelle technique d’analyse de l’ADN a pu révéler le genre du guerrier… et soulever de nouveaux mystères pour les historiens.

Vue aérienne des îles de Scilly, en Angleterre
Vue aérienne des îles de Scilly, en Angleterre

En 1999, un fermier de l’île de Bryher, en Angleterre, a fait une extraordinaire découverte datant de l’Âge de Fer : une tombe contenant un squelette, une épée et un miroir. Ces deux objets étaient respectivement assignés aux hommes et aux femmes, selon les spécialistes. Malheureusement, seuls quelques fragments de la dépouille et plusieurs dents ont pu être analysées et n’ont pas permis de déterminer le genre de l’individu. De fait, l’énigme autour du mystérieux guerrier des îles Scilly est demeurée entière pour les historiens pendant près d’un quart de siècle.

En 2023, une nouvelle technique d’analyse de l’ADN développée par l’Université de Californie à Davis a permis de mener une recherche plus poussée sur le squelette. Cette méthode plus précise extrait notamment les protéines des fragments de dents et permet de les lier aux chromosomes sexuels X et Y. De cette manière, les spécialistes ont pu déterminer que la dépouille retrouvée sur l’île de Bryher était celle d’une femme. Un professeur de toxicologie expérimentale de l’Université de Californie a d’ailleurs confirmé l’exactitude de l’analyse à près de 96 %. « Etant donné l’état de dégradation des os, c’est remarquable de pouvoir obtenir un résultat si précis. Cela nous interroge sur ce qui pourrait être découvert en faisant de nouvelles analyses d’autres dépouilles similaires. »

Sarah Stark, une biologiste spécialisée en squelettes humains de Historic England et directrice de la recherche, affirme que cette découverte suggère un rôle plus important pour les femmes à l’Âge de Fer. « Même si nous ne pouvons jamais connaître exactement le symbolisme derrière les objets découverts dans les tombes, la combinaison de l’épée et du miroir suggère que cette femme avait un haut statut dans sa communauté et qu’elle a probablement eu un rôle de commandement auprès de l’armée locale. » Elle ajoute également : « Cela pourrait même suggérer que l’engagement des femmes dans les guerres et les autres types de violence étaient plus courants à l’Âge de Fer que ce que nous pensions. Cela aurait pu d’ailleurs contribuer au fait que d’autres dirigeantes comme Boudicca prennent le pouvoir par la suite. »

Bien que cette découverte soit surprenante pour les archéologues, celle de la dépouille en elle-même l’était tout autant. A l’Âge de Fer, les miroirs étaient effectivement des objets liés au luxe et, selon certains spécialistes, à la magie. Pour les communautés, les images peu précises révélées par ces métaux polis pouvaient tant être des représentations des vivants que des morts. Néanmoins, la combinaison d’un miroir et d’une épée dans une même tombe est une première en Europe. De plus, la dépouille était accompagnée d’un anneau de ceinture d’épée, d’une broche, d’un anneau de cuivre et de ferrures de bouclier.

A la suite de cette surprenante découverte, les archéologues désirent mener de nouvelles recherches sur les tombes de l’Âge de Fer, afin de reconsidérer le genre d’autres dépouilles plus anciennes et les coutumes des sociétés locales.


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