L’Egypte bannit des archéologues néerlandais à la suite d’une exposition jugée offensante

Ces dernières années, la notion de représentation -et l’importance qu’on lui accorde- est devenue omniprésente dans nos sociétés. C’est ce qu’ont pu découvrir les archéologues du Musée National d’Antiquités de Leiden, aux Pays-Bas, à la suite d’une exposition sur l’Egypte.

Œuvre I am Hip Hop présentée dans l’exposition « Kemet », au musée de Leiden
Œuvre I am Hip Hop présentée dans l’exposition « Kemet », au musée de Leiden

Au Musée National d’Antiquités de Leiden, l’exposition « Kemet : Egypt in Hip Hop, Jazz, Soul & Funk » tente d’explorer comment l’ancienne Egypte et la Nubie ont inspiré les artistes d’origine africaine à travers les âges. La présentation d’objets égyptiens, de couvertures d’albums, de clips vidéo récents et de musique met en avant la force que ces deux pays ont conféré à ces artistes. Du moins, c’est ce que l’on peut lire sur le site du musée de Leiden. De leur côté, les autorités égyptiennes ont jugé l’exposition offensante dans sa représentation de leur Histoire. De plus, le commissaire égypto-néerlandais Daniel Soliman a relevé le fait que l’Egypte n’apprécie pas le fait d’être régulièrement associée à d’autres cultures africaines, qui ne sont pourtant pas similaires.

Le conseil des Missions Etrangères du Service d’Antiquités Egyptien a accusé le musée de Leiden de « falsifier l’Histoire » et d’avoir une vision trop « afrocentrée ». De fait, les autorités égyptiennes ont tôt fait de condamner les archéologues à l’origine de l’exposition, en leur interdisant l’accès à l’un des plus grands sites de fouilles du pays. Saqqarah, un vaste lieu de sépultures à 32 km du Caire, est le site d’une des plus anciennes pyramides d’Egypte, celle de Djoser. De fait, le musée de Leiden exécute des recherches sur le site depuis plus de 40 ans déjà.

« Le Musée National d’Antiquités de Leiden travaille à Saqqarah depuis 1975, » expliquait le directeur de l’institution, Wim Weijland, à CNN. « Pour la prochaine saison, on nous a refusé la permission de faire de nouvelles fouilles sur le site. » Le directeur a ajouté qu’il tente d’ouvrir le dialogue avec le Service d’Antiquités Egyptien, afin d’annuler le bannissement. Selon lui, l’objectif de l’exposition Kemet était de « montrer et comprendre la représentation de l’ancienne Egypte et les messages transmis dans la musique d’artistes noirs, » mais également de « mettre en lumière ce que les recherches scientifiques et égyptologiques peuvent nous dire sur l’Egypte et la Nubie. »

Dès son ouverture, l’exposition a toutefois suscité de nombreuses critiques. Le musée de Leiden a notamment reçu beaucoup de commentaires et messages négatifs sur les réseaux sociaux, certains témoignant d’un mécontentement quant à la représentation des anciens Egyptiens comme personnes noires. En réponse à cette polémique, le musée a ajouté une note sur son site concernant des informations additionnelles sur l’objectif de l’exposition, ainsi qu’un avertissement quant au fait que les commentaires offensants ou racistes seraient supprimés.


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