Si l’origine du mot « sport » est bien documentée, sa réalité est plus délicate à appréhender. Apparu en Angleterre au XIXe siècle, le sport se situe à la croisée de notions aussi diverses que le jeu, les loisirs, la santé, la maîtrise de soi, la compétition, le spectacle ou encore la politique. Au sens d’une pratique méthodique et répétée d’activités physiques, que l’on cherche à mieux maîtriser, le sport ouvre un large champ de réflexion aux archéologues.
Des origines utilitaires aux disciplines codifiées
Beaucoup de nos sports actuels trouvent leurs racines dans des activités physiques liées à la survie, comme la chasse, la guerre ou les déplacements. Les squelettes humains fournissent des informations précieuses sur ces pratiques physiques et l’état sanitaire des populations passées.
Les archéoanthropologues documentent et analysent ainsi les effets de ces pratiques sur la morphologie et les os du corps. Par exemple, l’humérus de l’Homme de Tourville présente une crête inhabituelle résultant du geste répété du lancer de sagaie, tandis que le squelette d’une archère arménienne de 20 ans révèle des attaches musculaires développées, témoignant de la pratique répétée du tir à l’arc et de l’équitation.
De la Protohistoire au Moyen Âge, les vestiges d’activités liées au lancer, à l’archerie, à l’escrime, à l’équitation sont largement représentés sur les sites archéologiques, comme les pointes de flèches, lanceurs, sagaies, éléments d’arc, harnachements de cheval, lances, épées, patins à glace en os (carolingiens), balles… Les plus anciens skis en bois, datant de 6 000 ans av. J.C, proviennent de Russie. Des peintures sur des parois de grottes en Mongolie, remontant à plus de 10 000 ans, montrent déjà des chasseurs munis de bâtons, glissant sur de longues planches effilées pour poursuivre des buffles. Des pirogues néolithiques ont également été découvertes à l’occasion de fouilles préventives dans le quartier de Bercy à Paris.
L’émergence du sport
Les représentations et les vestiges archéologiques attestent de l’activité physique à toutes les époques, et ces pratiques se sont progressivement codifiées en disciplines sportives.
C’est en Grèce antique, à partir de 776 av. J.-C., que le sport international se structure, permettant aux cités ennemies la possibilité de s’affronter pacifiquement tous les quatre ans. Les fouilles du site d’Olympie en 1875 ont révélé un stade, une palestre, un hippodrome et un gymnase, témoins de cette organisation sportive. L’athlétisme, la gymnastique, la lutte ou encore la course faisaient alors partie intégrante des compétitions.
Les Romains ont perpétué ces pratiques, tout en introduisant leurs propres jeux (ludi) fêtes (feriae) et disciplines. Certaines d’entres elles sont d’origine étrusque comme les jeux de balle, la boxe romaine ou le pugilat et le pancrace (une forme de catch à mains nues), à différencier de la lutte grecque. La course de chars était le sport favori des Romains, avec des chars à deux ou quatre chevaux. Le Circus Maximus, une infrastructure colossale, pouvait accueillir jusqu’à 150 000 spectateurs et rythmait la vie de Rome avec une course tous les trois jours. Vers 100 av. J.-C., les combats de gladiateurs (munera) ont, à leur tour, été introduits dans les amphithéâtres et les arènes, offrant un divertissement spectaculaire.
Ces pratiques ont nécessité la construction d’édifices. En Gaule romaine, on trouve de nombreuses infrastructures tels que des cirques, des arènes et des amphithéâtres. Parmi les plus notables, on peut citer Fréjus, Arles, Nîmes, Cimiez, Cahors, Poitiers, Saintes-Lutèce, Metz et Besançon. Ces constructions monumentales ont révolutionné le divertissement sportif de l’époque, offrant des spectacles grandioses à des foules considérables et marquant une rupture avec les traditions grecques, tout en anticipant certains aspects des sports modernes.
Cet article a été publié dans Le Ptit Rat n° 1 du 12 août 2024, intitulé Jeux artistiques.
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