La sculpture féministe de Shahzia Sikander décapitée par des vandales

Au début du mois de juillet, l’une des sculptures féministes de Shahzia Sikander exposée à l’université de Houston, a été décapitée par des vandales. En février, déjà, des associations pro-vie l’avaient jugée de « satanique » et exhorté l’institution à la retirer.

Témoin (2023) de Shahzia Sikander, désormais décapité © Université de Houston
Témoin (2023) de Shahzia Sikander, désormais décapité © Université de Houston

Témoin est l’une des sculptures réalisées par Shahzia Sikander dans le cadre de son projet 2023 et commanditées par le Madison Square Park Conservancy et le Public Art of the University of Houston System. Mesurant près de six mètres de haut, l’œuvre représente une figure féminine dont les membres se terminent par des structures en forme de racines. Pour Mme Sikander, cette sculpture représente l’autonomie des femmes aux Etats-Unis, mais également leur résilience et leur enracinement. Les cheveux de la statue forment d’ailleurs des cornes, symboles de force et de détermination dans diverses cultures. Avant d’être exposée à l’Université de Houston, Témoin a d’abord été installée au Madison Square Park de New York, puis sur le toit de la Cour d’Appel de Manhattan.

Cependant, ses cornes fictives et les convictions qu’elle représente ont rapidement suscité l’indignation de groupes et d’associations pro-vie. Ces derniers jugent effectivement la sculpture de « satanique » et ont exhorté l’Université à la retirer. En février 2024, l’organisation Texas Right to Life a notamment lancé une pétition contre « l’idole satanique de l’avortement », soutenue par le groupe Texas Values. Si l’Université n’a pas accepté leurs demandes, elle a néanmoins annulé une conférence de Mme Sikander et l’inauguration officielle de la sculpture, prévues au mois de mars.

 Shahzia Sikander devant sa sculpture Témoin (2023) à Madison Square Park, New York, en 2023. © Angela Weiss/AFP
Shahzia Sikander devant sa sculpture Témoin (2023) à Madison Square Park, New York, en 2023. © Angela Weiss/AFP

Le 10 juillet dernier, les membres de l’Université de Houston ont cependant été désolés de voir que Témoin avait été décapité. De fait, la figure féminine qui trônait auparavant sur sa structure a été violemment arrachée par des vandales. « Nous avons été déçus d’apprendre que la statue avait été endommagée, alors que l’ouragan Beryl frappait Houston. On pense que les dégâts sont intentionnels », affirmait un porte-parole de l’institution. Dans un communiqué, le responsable d’art public exprimait, quant à lui, son « bouleversement » par rapport à « cet acte de vandalisme incroyable et regrettable ».

Dans un même temps, la police de l’Université a ouvert une enquête et contacté des restaurateurs afin de réparer l’œuvre. Mais l’artiste a récemment précisé son souhait de garder la sculpture endommagée. « Je ne veux pas réparer ou dissimuler. Je veux l’exposer, la laisser abîmée. Faire une nouvelle pièce, et bien d’autres choses encore », appuyait-elle.


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