En avril 2024, quatre vases grecs antiques ont été retirés d’une vente d’antiquités chez Christie’s. Appartenant à la collection du Dr. Manfred Zimmermann, ces objets seraient liés au trafiquant d’œuvres pillées Gianfranco Becchina, condamné en 2011.
En 1979, trois vases grecs antiques étaient vendus aux enchères par la maison Christie’s à Genève. A l’époque, ils avaient été consignés par Gianfranco Becchina, un célèbre marchand d’antiquités, condamné en 2011 pour trafic d’œuvres pillées. Treize ans après cette condamnation, Christie’s organisait une nouvelle vente aux enchères d’antiquités, incluant les trois objets de M. Becchina, en plus d’un quatrième. Ces quatre vases antiques, réalisés entre 490 et 570 avant notre ère, étaient estimés entre 7 000 et 28 000 euros par la maison de ventes aux enchères. Selon le détail de la vente, ils appartiennent désormais à la collection du Dr. Manfred Zimmermann.
Cependant, l’expert en réseau de pillage et de trafic d’antiquités Christos Tsirogiannis a mené des recherches approfondies sur ces objets. En consultant les documents du procureur italien Paolo Giorgio Ferri, le spécialiste a rapidement pu faire le lien entre les vases antiques et le trafiquant d’œuvres, M. Becchina. Après leur vente en 1979, les vases ont été exposés au musée privé de M. Zimmermann, l’Antikenmuseum im Schnoor, à Brême, puis au Museum für Kunst und Gewerbe, à Hambourg. Cependant, M. Tsirogiannis affirme que « ni la maison de vente aux enchères, ni le collectionneur ou sa famille, ni même les musées ne prennent la peine de vérifier auprès des autorités s’ils sont impliqués dans l’exposition d’objets illicites ». Dans un témoignage au Guardian, l’expert en réseau de pillage explique que Christie’s aurait pu repérer le lien entre les vases antiques et le trafiquant d’œuvres. Entre temps, les quatre objets ont été retirés de la vente.
De son côté, la maison de ventes s’est défendue de toute connaissance quant à l’origine des vases antiques. « Toute suggestion selon laquelle Christie’s savait que ces objets provenaient de Gianfranco Becchina est catégoriquement fausse. Lorsque nous avons appris qu’il pouvait exister des documents attestant d’un tel lien, nous avons retiré les œuvres de la vente afin d’effectuer des recherches plus approfondies et nous le ferons en collaboration avec les autorités italiennes, » déclarait un porte-parole de Christie’s au média ArtNews.
Le porte-parole a également précisé que Christie’s s’efforce de s’informer au mieux sur la provenance des objets culturels et des œuvres proposées aux enchères. « Nous publions nos catalogues bien avant nos ventes aux enchères et invitons le public à les consulter. Nous avons mis en place des procédures strictes pour nous assurer que nous ne proposons que des objets que nous sommes légalement en mesure de vendre et, dans le cadre de cette diligence raisonnable, nous collaborons étroitement avec les autorités publiques et les institutions du monde entier, » détaillait-il.
Dans un article récent, The Art Newspaper met en avant de nombreux problèmes similaires pour les musées et les maisons de vente. Selon le média, plusieurs organismes et associations tentent de promouvoir l’accessibilité aux archives des trafiquants condamnés pour pillage de biens culturels afin que les recherches sur la provenance des œuvres soient simplifiées. L’association des directeurs de musées d’art a d’ailleurs déclaré que les institutions sont régulièrement dans des situations délicates lorsqu’on les accuse de « posséder des objets présentant des problèmes de provenance, tout en se voyant refuser la possibilité de confirmer si ces objets sont passés par les mains de ces trafiquants. »
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