L’artiste madrilène Fernando Sanchez Castillo a réussi à recréer un célèbre tableau de Diego Vélazquez à l’aide de l’intelligence artificielle. Détruire lors d’un incendie ravageur en 1734, L’expulsion des Morisques (1627) reprend donc vie grâce à la technologie moderne.
« Je considère [l’intelligence artificielle] comme un outil puissant pour créer un cerveau communautaire capable de donner du pouvoir à l’esthétique unie à l’éthique », affirme Fernando Sanchez Castillo. Après une étude approfondie de la technique de Vélazquez et de l’Histoire de l’Espagne, cet artiste madrilène a réussi à reproduire une œuvre perdue du peintre espagnol. Lors d’un incendie au palais royal de Madrid, en 1734, le tableau représentant L’expulsion des Morisques (1627) avait effectivement été détruit.
A l’époque, l’œuvre détaillait le moment où le roi Philippe III d’Espagne a ordonné l’exil des Morisques (des musulmans, convertis de force au christianisme au début du XVIe siècle), en 1609. Une vingtaine d’années après cet événement, le fils du roi, Philippe IV, proposait aux artistes de sa cour de le figurer, afin d’obtenir le titre de peintre de chambre. Contrairement aux attentes de ses rivaux, Diego Vélazquez remporta le concours. Aujourd’hui, près de trois-cents ans après sa disparition dans les flammes, L’expulsion des Morisques (1627) reprend vie, grâce à PhotoShop et à l’intelligence artificielle.
Le travail préparatoire de Fernando Sanchez Castillo s’est articulé autour de descriptions écrites du tableau réalisées par Antonio Palomino, d’une étude préliminaire du portrait de Philippe III réalisée en 1627 et de la contribution d’une doctorante en IA, Paula Garcia. Cette chercheuse explore effectivement l’application de l’intelligence artificielle dans les pratiques artistiques contemporaines. Malgré l’aide notable de la technologie dans la reproduction du tableau, Fernando Sanchez Castillo a donc réalisé de nombreuses recherches et plusieurs esquisses préparatoires.
Son premier croquis a notamment permis de reproduire l’essentiel de la composition de l’œuvre : les personnages, l’architecture du palais, l’arrière-plan et une cartouche dans l’angle inférieur droit. Dans la seconde phase de création, l’artiste a sollicité l’IA générative, afin de compléter les détails de l’architecture et de l’arrière-plan. Il s’est ensuite chargé de remplir les zones vides laissées par la technologie et d’améliorer les détails incohérents. Dans un troisième temps, Fernando Sanchez Castillo a élargi l’arrière-plan du tableau et ajouté sa reproduction de Philippe III, d’une figure féminine et du rideau. Comme précédemment, les éléments visuels ne s’accordaient pas nécessairement entre eux, et requéraient donc une amélioration. La phase finale de création, sur PhotoShop, a ainsi permis une harmonisation des divers éléments de l’œuvre et une amélioration des figures humaines, afin qu’elles suivent un style semblable à celui de l’artiste original.
Ces derniers mois, l’utilisation de l’IA dans le cadre de créations artistiques a fait couler beaucoup d’encre. Toutefois, Fernando Sanchez Castillo compte rassurer ses contemporains : sa reproduction de L’expulsion des Morisques a été faite à 80% par ses soins. L’IA n’aurait effectivement contribué qu’à hauteur de 20% dans le processus créatif. « Face à l’intelligence artificielle, la suspicion est tout à fait naturelle », précise-t-il. Selon lui, d’autres œuvres perdues pourraient reprendre vie grâce à des techniques de reproduction similaires.
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