En décembre dernier, des chercheurs du Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (ou C2RMF) -Ina Reiche, Anne Maigret, Yvan Coquinot et Antoine Trosseau- ont publié une importante étude dans la revue Scientific Reports. Leurs analyses récentes des peintures rupestres de la grotte de Font-de-Gaume, appuyées par de nouvelles techniques d’imagerie, leur permettrait effectivement de déterminer la datation carbone de ces œuvres paléolithiques.
En Dordogne, plus de 200 grottes témoignent de la vie de nos ancêtres du paléolithique grâce à d’importantes peintures rupestres. Néanmoins, ce véritable sanctuaire du monde de l’art pariétal n’a pas encore révélé tous ses secrets aux scientifiques. En effet, les chercheurs n’ont jamais pu déterminer avec précision la datation au radiocarbone des œuvres paléolithiques. Les spécialistes ont réussi à situer la réalisation de ces peintures entre 12 000 et 17 000 ans, soit pendant la période magdalénienne, sans pouvoir la préciser. Heureusement, une récente étude publiée dans la revue Scientific Reports, et réalisée par des chercheurs français, pourrait considérablement modifier notre appréhension de l’art de nos ancêtres.
Pendant près de trois ans, des chercheurs du Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France ont analysé les peintures de la grotte de Font-de-Gaume, surnommée la « grotte des bisons ». Les fresques présentes dans cette cavité représentent, effectivement, une grande majorité d’animaux. Ainsi, les spécialistes du C2RMF ont analysé les œuvres de nos ancêtres à l’aide de plusieurs méthodes non invasives : photographie infrarouge, photographie en lumière visible, superposition d’images en lumière visible et en infrarouge, fluorescence X portable (pXRF) et spectroscopie micro-Raman. Ces différentes techniques d’analyse leur ont permis de détecter des composés à base de carbone dans les différents dessins présents sur les parois de la grotte. De même, elles ont pconduit à l’identification des phases minéralogiques et des différents types de pigments à base de manganèse et d’oxyde de fer.
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Les résultats de ces analyses démontrent, entre autres, que la création des peintures rupestres pourrait avoir eu lieu en plusieurs étapes. Les chercheurs ont d’ailleurs fait le même constat dans la grotte de Lascaux. Toutefois, l’élément capital que les scientifiques du C2RMF ont identifié dans les œuvres pariétales est évidemment le carbone, qui pourra leur donner une datation plus exacte quant à la réalisation des peintures paléolithiques. De même, leurs recherches ont permis de déterminer certains des pigments minéraux utilisés dans ces œuvres rupestres : le cryptomélane, à Lascaux ; la pyrolusite et la romanèchite, à Font-de-Gaume.
Un site protégé par l’Unesco
Depuis le début du XXe siècle, les grottes ornées de la Dordogne ont permis de grandes avancées sur les plans historiques et archéologiques. Cependant, les nombreuses techniques de datation archéologiques étaient, jusqu’ici, trop invasives pour ces œuvres pariétales. En effet, les grottes de Lascaux et de Font-de-Gaume étant inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco, elles ne pouvaient être soumises à de lourdes recherches scientifiques risquant de les endommager. C’est pourquoi l’étude menée par les chercheurs du C2RMF permettra, à l’avenir, d’envisager des analyses approfondies de ces cavités, sans aucun risque de les dégrader.
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