Dans le cadre de la COP28 en décembre 2023, l’UNESCO a dévoilé une étude sur l’impact du changement climatique sur le patrimoine mondial. Selon cette analyse, près d’un site culturel sur six est menacé par les enjeux environnementaux actuels. De fait, l’ONG internationale World Monuments Fund (ou Fond Mondial pour les Monuments) a présenté plusieurs projets pour pallier cette menace.
En janvier 2024, World Monuments Fund (WMF) a annoncé un budget de près de 15 millions de dollars (13,9 millions d’euros) pour ses projets de préservation du patrimoine mondial. La priorité du programme Climate Heritage Initiative sera d’ailleurs donnée aux sites historiques, et notamment aux jardins. L’ONG World Monuments Fund espère ainsi protéger ces zones naturelles contre le changement climatique et pallier les pénuries d’eau douce par la réhabilitation d’infrastructures hydrauliques traditionnelles. Dans son communiqué, WMF explique que l’identification et le ciblage des risques immédiats pour les jardins historiques permettra de les conserver et de les transmettre aux futures générations. De plus, cet effort contribuera à la préservation des espaces verts, nécessaires à la réduction de la pollution et au développement d’espaces de loisir.
Afin d’appuyer ces projets, World Monuments Fund a nommé Meredith Wiggins comme directrice des initiatives liées au développement durable. Cette archéologue et spécialiste des environnements bâti et naturel prendra ses fonctions dès 2024. Elle se chargera ainsi de superviser la mise en place et le bon déroulement de l’ensemble des actions du Climate Heritage Initiative à l’échelle mondiale.
« Climate Heritage Initiative », un projet pour évaluer les menaces liées au changement climatique
A l’échelle internationale, World Monuments Fund souhaite mettre en place une évaluation des risques liés aux enjeux environnementaux pour de nombreux sites historiques. Cette analyse permettra à l’ONG de formuler des recommandations et d’envisager des solutions pour préserver le patrimoine mondial (gestion des eaux de pluies, intégration d’espaces verts, énergies vertes, etc).
« Alors que l’ampleur de la menace que fait peser le réchauffement climatique sur les sociétés est bien connue, ses effets sur le patrimoine culturel n’ont pas encore été assez étudiés », affirme Bénédicte de Montlaur, la présidente de World Monuments Fund. « Nos équipes travaillent dur pour affronter les dangers auxquels font face certains sites historiques extraordinaires, et explorer des solutions dont les monuments traditionnels ont parfois la clef. À l’heure où les changements climatiques et les catastrophes naturelles frappent les sociétés de plein fouet et mettent le patrimoine à rude épreuve, nous avons, en tant que professionnels du patrimoine, une expertise unique et décisive en matière de résilience par la préservation qu’il nous semble crucial de partager. »
« Greener Greenhouses », un projet pour améliorer les serres et les jardins
Ce programme se concentre sur les serres exceptionnelles, et notamment sur la Palm House des Jardins botaniques royaux de Kew, au Royaume-Uni. Cet édifice possède effectivement un système de chauffage vieux de 200 ans, dont l’empreinte carbone et les coûts sont devenus trop importants. L’objectif de WMF pour ce site historique est évidemment la neutralité carbone. Afin de l’atteindre, de nouveaux systèmes de chauffage à énergie géométrique seront installés et la structure de la serre de la Palm House sera améliorée. Ce projet servira ainsi de pilote pour envisager la transition écologique de nombreux autres monuments semblables.
« Coastal Connections », un projet pour préserver les sites côtiers
Le programme « Coastal Connections », créé en partenariat avec English Heritage, vise à développer des ressources fiables pour préserver les sites côtiers menacés par les enjeux environnementaux. De même, l’initiative contribuera à la création d’un réseau international de professionnels, dont le partage de connaissances et d’expérience permettra aux communes de s’adapter. « Coastal Connections » propose notamment des études de cas, des guides pratiques, des séminaires, des bibliographies scientifiques et des publications régulières. De fait, les zones côtières abritent de nombreux sites exceptionnels et constituent des espaces cruciaux pour la biodiversité.
En marge de ces projets majeurs, World Monuments Fund lancera plusieurs autres initiatives au cours de l’année 2024, afin de répondre aux situations de crise et de promouvoir un patrimoine inclusif. Ces projets s’articuleront notamment autour des sites d’Antakya, en Turquie, touchés par le séisme ; du Musée de la Révolution de Kiev, en Ukraine ; du temple Phnom Bakheng, au Cambodge ; du monument de Bears Ears, aux Etats-Unis ; de la synagogue de Fabric et du patrimoine juif de Timișoara, en Roumanie et de l’ancienne université de Fourah Bay, au Sierra Leone.
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