La Palestine, membre de la Ligue arabe et soutien financier de l’Institut du monde arabe, occupe une place importante dans l’institution. C’est ce que rappelle le site web de l’Institut qui souligne être « à ce jour, la seule institution au monde à accorder une telle importance à la scène culturelle et artistique palestinienne », surtout depuis que Jack Lang en est le président. Mais la situation politique actuelle, après l’attaque du Hamas contre Israël et la riposte israélienne, rend sa programmation plus sensible.
Actuellement, l’Institut du monde arabe (IMA) accueille une « saison Palestine » qui se déploie en trois expositions et de nombreux rendez-vous culturels. Cette saison marque le 75e anniversaire de la Nakba (« catastrophe » en arabe), le terme utilisé par les Palestiniens pour désigner la création de l’Etat d’Israël en 1948. Le commissaire général est Elias Sanbar, ambassadeur de Palestine à l’UNESCO et directeur du futur Musée d’art moderne et contemporain de Palestine. Parmi les événements culturels d’octobre, un débat était prévu le 12 octobre, sur la Nakba, avec la participation d’Elias Sanbar.
Face à l’escalade de la violence au Proche-Orient, où les victimes se comptent par milliers, il semblait impossible de maintenir cette programmation. Selon une source du Journal des Arts, les concerts et conférences dans le cadre de la saison Palestine sont annulés, mais aucune mesure particulière de sécurité n’a été prise.
L’IMA se retrouve ainsi au cœur d’une polémique qui n’est pas la première. En 2021, l’exposition « Juifs d’Orient » avait provoqué des protestations et des appels au boycott de la part d’intellectuels arabes et musulmans, car certains objets provenaient d’institutions israéliennes. Adossée dès l’origine à la Ligue arabe, dont la Palestine est membre et, par conséquent, financeur de l’IMA, l’institution doit constamment chercher un équilibre diplomatique.
Une position qui risque de devenir encore plus difficile au vu des réactions en Europe. La France, qui est perçue comme pro-palestinienne par les pays européens, s’est jointe à l’Allemagne, les Etats-Unis, l’Italie et le Royaume-Uni, qui annoncent vouloir soutenir « les efforts d’Israël pour se défendre ». Les cinq pays condamnent « sans ambiguïté possible le Hamas et ses actes terroristes révoltants », selon un communiqué commun publié lundi, après un entretien des dirigeants des pays.
Une réunion informelle des ministres européens des Affaires étrangères s’est tenue, par vidéoconférence, le 10 octobre. Conformément à la déclaration des coprésidents publiée plus tôt à l’issue du 27e Conseil conjoint CCG-UE, les ministres de l’UE ont condamné les récentes attaques et appelé à la protection des civiles et à la retenue, à la libération des otages, à ce que l’accès à la nourriture, à l’eau et aux médicaments soit autorisé à Gaza, conformément au droit international humanitaire, et à l’ouverture de couloirs humanitaires. Les ministres ont réaffirmé le droit d’Israël à l’autodéfense, dans le plein respect du droit international humanitaire. Ils ont ensuite débattu de la manière de poursuivre la coopération avec l’Autorité palestinienne et de soutenir la population palestinienne. L’écrasante majorité des ministres a indiqué que la coopération devait se poursuivre et que les financements de l’UE ne devaient pas être interrompu. L’Europe est le premier contributeur à l’aide au développement pour les Palestiniens, avec une enveloppe de 1,17 milliard d’euros prévue entre 2021 et 2024.
Outre la violence des attaques du Hamas et de ses alliés, ce qui pousse les pays européens à réduire l’aide au développement est le doute récurrent sur les destinataires. En 2014, un rapport de la Cour des comptes européenne suggérait que l’aide humanitaire pouvait être détournée par des ONG fantômes.
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