Le séisme qui a secoué le Maroc dans la nuit du 8 au 9 septembre 2023 est la plus grande catastrophe naturelle du pays depuis les années 1960. Mesuré à sept sur l’échelle de Richter, ce tremblement de terre inédit a secoué la région du Haouz, l’arrière-pays montagneux et la ville de Marrakech. Plus de 50 000 habitations ont été détruites, dont certains villages anéantis, et le bilan humain s’élève à 3 000 morts et plus de 6 000 décès. A travers ce drame humain, le patrimoine culturel local a, lui aussi, été lourdement affecté par le séisme.
Si la priorité demeure humaine, les spécialistes du patrimoine n’ont pas tardé à se rendre sur place à leur tour. « C’est une catastrophe humanitaire. Nous parlons de préservation du patrimoine avec humilité, mais nous attendons notre tour », témoignait Krista Pikkat, directrice de la culture et des urgences à l’UNESCO. Néanmoins, dès le 9 septembre, l’architecte Abderrahim Kassou, des représentants du ministère de la Culture marocaine et d’autres membres du bureau national d’Icomos – un organe consultatif de l’UNESCO – ont rejoint la région d’Al Haouz afin d’établir un premier constat quant aux dommages patrimoniaux.
Pour certains, cette opération paraît indécente, au vu du terrible bilan humain laissé par le séisme. En effet, l’idée d’investir des moyens et d’envisager la restauration de patrimoine architectural n’est pas la priorité pour la plupart des Marocains. Cependant, Abderrahim Kassou nuance cette idée. « Il est évident que la question des secours et des soins est prioritaire. Mais on ne peut pas mettre en place un projet de développement sans culture, sans patrimoine, sans attaches au territoire », détaille-t-il au média Jeune Afrique.
Selon le journal en ligne Medias24, ce sont d’ailleurs 27 sites au total qui ont éprouvés le séisme à Marrakech, à Ouarzazate et à Taroudant. La ville de Talat N’Yaqoub, près de l’épicentre du tremblement de terre, a également vu plusieurs de ses édifices détruits. Construit en 1905 par le Caïd Goundafi pour contrôler la route de Marrakech, la célèbre Kasbah de la ville est par exemple à terre. La mosquée Tinmal, symbole de la dynastie almohade et en cours de restauration, s’est aussi effondrée. Du côté de Ouarzazate, le village d’Air-Ben-Haddou – qui a servi de décor au film Lawrence d’Arabie en 1962 – a été lourdement endommagé. De même, plusieurs habitations chancellent et le grenier communautaire datant du XVIIe siècle a été réduit en poussière.
A Marrakech, les fortifications de la ville ont été lourdement affectées par le séisme. Le côté Est de la muraille est très gravement endommagé et de nombreuses fissures ont été dénombrées, selon Jamal Aboulhoda Abdel Mounaim, conservateur des monuments historiques de la ville. D’après lui, cette partie des remparts de la médina est d’ailleurs sujette aux dégradations. « Elle a été affectée lors de guerres passées. Mais aujourd’hui, c’est surtout la zone où se trouvent les portes principales et où il y a le plus de circulation », expliquait-il à Jeune Afrique début septembre. La médina de Marrakech, d’ailleurs, est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1985.
Plusieurs mosquées ont, quant à elles, été interdites d’accès à cause de leur dégradation. On compte notamment la mosquée Karbouche, la mosquée Ben Youssef, la mosquée Eloussta et la mosquée El Mansour. Trois musées ont également été fermés à la suite du tremblement de terre : le Musée des confluences, le Musée national du tissage et du tapis et le Musée du Patrimoine culturel immatériel. Aussi, les souks Sammarine et Semmata sont en danger d’effondrements par endroits et nombre de commerces ont dû fermer depuis le séisme. Enfin, les palais de la Bahia et Badii ainsi que les célèbres tombeaux saâdiens – une célèbre nécropole royale de la média – ont souffert de la catastrophe et ne pourront être que partiellement sauvés.
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