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De Brécy Tondo : une IA s’oppose au verdict de l’une de ses consœurs

« La bataille des intelligences artificielles » titraient plusieurs médias début septembre. En effet, après une authentification par IA du tableau de Brécy Tondo révoquée par les experts de l’œuvre de Raphael, une seconde technologie s’oppose catégoriquement à l’analyse de la première.


Tableau De Brécy Tondo
Tableau De Brécy Tondo

Début septembre, des chercheurs de l’université de Bradford et de Nottingham ont analysé l’œuvre de Brécy Tondo grâce à une technologie de reconnaissance faciale par intelligence artificielle (IA). Le logiciel s’est révélé formel sur l’authentification du tableau : les personnages ressemblaient à ceux de la célèbre Madone Sixtine à plus de 80 %. Les chercheurs affirment qu’une similarité de 75 % ou plus est considérée comme identique. Selon l’IA, l’œuvre ne pouvait donc être qu’un original de Raphaël. Malheureusement pour le directeur de recherche ayant fait part de son analyse au journal The Guardian, des experts de l’artiste ont très vite révoqué ses conclusions. A leurs yeux, le tableau n’est effectivement qu’une copie du style de Raphael, réalisée au XIXe siècle.


Néanmoins, une autre analyse par intelligence artificielle a récemment dévoilé… un résultat tout à fait contraire à celui de sa consœur ! En effet, les algorithmes sollicités par le Dr. Carina Popovici – une scientifique de l’entreprise suisse Art Recognition  dans une étude similaire ont affirmé que la probabilité que l’œuvre ne soit pas de Raphael était de 85 %. Un chiffre radicalement contraire à celui obtenu par les spécialistes en IA des universités de Bradford et de Nottingham. La recherche du Dr. Popovici a été appuyée par l’université de Tilburg, aux Pays-Bas, et publiée dans la revue académique Springer.


De leur côté, les experts de l’université de Bradford ont plaisanté sur cette découverte : « C’est donc la bataille des intelligences artificielles. »


Sir Timothy Clifford, un spécialiste de la Renaissance Italienne et ancien directeur des galeries nationales d’Ecosse, était surpris de cette opposition des résultats. « Je suis convaincu que les technologiques de reconnaissance des peintures d'artistes majeurs sont incroyablement dangereuses. Je n'ai jamais envisagé l'idée d'utiliser ces systèmes d'intelligence artificielle. Je pense qu'il est improbable qu'ils soient un tant soit peu précis. Mais cette histoire est fascinante. »


Après avoir vu une photographie du Tondo, il a également déterminé qu’il devait s’agir d’une copie très fidèle à la célèbre Madone Sixtine. « Il doit exister des centaines et des centaines de très bonnes copies de ce tableau. Ma réaction immédiate serait qu'il s'agit probablement d'une copie française, du début du XIXe siècle, une bonne copie – à peu près à l'époque où le tableau, j'en suis sûr, aurait voyagé avec le butin de Napoléon, peut-être jusqu'au Louvre. La plupart des pigments utilisés en 1810 étaient les mêmes qu'en 1510. À moins d'utiliser un ou deux de ces pigments qui n'auraient pas dû l'être, le résultat sera très similaire. »


Malgré les nombreux arguments à rebours de l’analyse de l’IA, le directeur du centre universitaire d’informatique visuelle à Bradford, Hassan Ugail, a réitéré : « Nous disposons de preuves solides pour démontrer que [le Tondo] est de Raphael. »


En décembre dernier, Art Recognition avait en revanche attribué Portrait de femme (Gabrielle) à Pierre-Auguste Renoir (1841-1919), grâce à un algorithme capable d’étudier le style, la forme des coups de pinceaux et les combinaisons de couleurs supplémentaires de 206 peintures authentifiées de l’artiste. Cette réattribution a été confirmée par les experts de Dauberville & Archives Bernheim-Jeune, qui publie un catalogue raisonné des œuvres attestées de Renoir.


Art Recognition a également attribué à Rubens un tableau exposé à la National Gallery, selon une probabilité de l’IA de 98,76 %.


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