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Une œuvre de Thomas Gainsborough laissée de côté pendant 60 ans

Dans le domaine de l’art, une erreur de jugement peut rapidement entraîner des conséquences dommageables pour les artistes. C’est la situation que connaît actuellement le Musée Royal de Greenwich, tandis qu’une œuvre laissée dans un entrepôt depuis 60 ans vient d’être officiellement attribuée à Thomas Gainsborough.

 Photo de prétraitement d'une peinture à l'huile du capitaine Frederick Cornewall, 1706-88, British School, 18e siècle, vers 1765
Peinture à l'huile du capitaine Frederick Cornewall, vers 1765, par Thomas Gainsborough

« Trop grossier pour être l’œuvre de Gainsborough, malgré quelques similitudes », détaillait le Musée Royal de Greenwich (RMG) dans les années 1960. A l’époque, un portrait du Capitaine Frederick Cornewall avait été cédé à l’institution par le collectionneur Edward Peter Jones. Selon ce dernier, l’œuvre était signée par Thomas Gainsborough, un éminent artiste britannique du XVIIIe siècle. Cependant, le conservateur du RMG à l’époque avait jugé le travail comme étant trop grossier pour être authentique et relayé le portrait à un simple entreposage.


L’an dernier, Hugh Belsey, un spécialiste de l’œuvre de Gainsborough, a retrouvé une image du portrait, lorsqu'il était détenu par le célèbre concessionnaire britannique Agnew's. Datant du XXe siècle, l’image a permis à l’expert de retracer sa provenance jusqu’à Jones, avant de tomber dans une impasse. Par la suite, l’une de ses connaissances a repéré le portrait dans un catalogue illustré des archives du Musée National Maritime de Londres. Hugh Belsey a alors demandé au Musée Royal de Greenwich d'expertiser l’œuvre et de la sortir de son entrepôt. Après une nouvelle analyse, le spécialiste a affirmé l’authenticité du tableau et la conservatrice actuelle du RMG l’a également confirmée.


« Sa demande a atterri sur mon bureau. Nous avons sorti le portrait de son entreposage. Tout s’est rapidement enchaîné : l’œuvre avait tous les motifs visuels du style de Gainsborough à cette période », témoignait Katherine Gazzard, la conservatrice actuelle du RMG auprès du Guardian.


Selon elle, le problème d’attribution du tableau dans les années 1960 est une mise en garde importante quant à l’authentification des œuvres par les experts du domaine. « Mais nous sommes plus heureux de cette nouvelle qu’embarrassés », a-t-elle précisé à propos de cette découverte. De son côté, Hugh Belsey pense que l’erreur de jugement sur le portrait est dû au travail de Gainsborough lui-même. « [A cette époque,] l’artiste évoluait à un rythme très rapide et plus il faisait de commissions, plus son style devenait assuré et son coup de pinceau libre. »


Le portrait de Gainsborough daterait de 1762, tandis que le peintre travaillait à Bath, en Angleterre. A la suite de cette découverte, le Musée Royal de Greenwich a lancé une levée de fonds pour faire restaurer à la fois le tableau et son cadre, un travail qui devrait coûter environ 60 000 livres (environ 70 000 €). En 2024, le RMG souhaite exposer l’œuvre dans la Maison de la Reine, une section privilégiée de l’institution.

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