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Un problème d’authenticité pousse la National Gallery australienne à interrompre une exposition

La National Gallery d’Australie se voit obligée d’enquêter sur le rôle qu’aurait joué les non-aborigènes dans les créations artistiques mises en avant dans l’exposition Ngura Pulka – Epic Country.


Oeuvre de l'artiste aborigène Clarise Tunkin
Clarise Tunkin | Minyma Marlilu Tjukurrpa

Les œuvres des artistes Anangu Pitjantjatjara Yankunytjatjara (APY) devaient être présentées jusqu’au 3 juin 2023 à la National Gallery. La galerie suggérait que cette exposition était « l’un des plus grands et significatifs projets d’art dirigés par les communautés des Premières Nations jamais développés ». Cependant, de récentes allégations concernant l’apport de personnes blanches dans les créations pousse la National Gallery à en interrompre la promotion. Une commission indépendante devra attester de l’authenticité des œuvres afin qu’elles soient de nouveau mises en avant par le musée.


La professeure Maree Meredith, de la communauté Bidjara, et Yhonnie Scarce, un artiste Nukunu et Kokatha devront déterminer l’origine exacte des œuvres et leurs créateurs, comme l’ont mentionné les avocats Colin Golvan et Shane Simpson. L’expertise révèlera si les artistes du collectif APY Arts Centre (APYACC) sont bel et bien les auteurs uniques des peintures. Cela permettra à la National Gallery de prouver qu’elle respecte sa politique de provenance des œuvres, en expliquait son directeur Dr Nick Mitzevich.


Néanmoins, l’expertise ne prendra pas en compte les mesures d’éthiques, ni la signification culturelle des peintures. L’art aborigène dépeint les artistes Tjukurpa et la philosophie religieuse liant les aborigènes à leur Histoire. Selon The Australian, les allégations de non-authenticité accusent des travailleurs blancs de la National Gallery d’interférer régulièrement dans le travail du collectif APYACC. Une vidéo présente d’ailleurs un employé du musée en train de peindre sur une œuvre de l’artiste aborigène Yaritji Young.


The Guardian Australia a également interrogé plusieurs personnes aborigènes concernant les centres d’art dédiés à leurs œuvres. Ces dernières ont expliqué que l’intervention de personnes blanches dans les peintures d’artistes noirs semblerait inacceptable pour le grand public. De fait, le même phénomène auprès des œuvres aborigènes devrait être sanctionné. Les personnes interrogées s’avouaient, de plus, inquiètes quant à l’authenticité et à la préservation de leur art dans les différents centres dédiés en Australie.


Selon la manager des Warlayirti Artists, Poppy Lever, les centres d’art aborigènes sont « peu informés ou sécuritaires d’un point de vue culturel » et les artistes ne devraient pas leur faire entièrement confiance. « Cela ne signifie pas que les personnes blanches ne devraient pas contribuer aux centres d’art, car c’est une mauvaise manière de traiter le problème en soi. Il s’agit plutôt d’une meilleure écoute et d’une plus grande compréhension mutuelle, » ajoutait Lever.


L'expertise concernant les oeuvres de l’APYACC doit être rendue le 31 mai 2023 à la National Gallery, afin de prolonger -ou non- la promotion de l’exposition Ngura Pulka – Epic Country.

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