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Sequana : la déesse oubliée de la Seine

Dernière mise à jour : 22 août

Au-delà des ponts, des quais, des bateaux-mouches et des monuments historiques que la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024 au monde lors de la traverser de la Seine, le fleuve renferme une histoire millénaire, marquée par la dévotion à une divinité qui donna son nom : Sequana.

Statue de Sequana
Eric de Laclos, statue représentant Sequana dévoilée en 2015 © Thomas Van Houtryve | National Geographic

Sequana, une déesse guérisseuse

Selon la légende, Sequana, fille de Bacchus, dieu du vin, aida Cérès, déesse grecque des moissons, à retrouver sa fille Proserpine en Normandie. En remerciement, Cérès donna aux nymphes gauloises le pays où Proserpine avait été retrouvée. Découvrant les rives de son nouveau domaine, Sequana se promenait en compagnie des autres nymphes lorsqu’elle rencontra Neptune, le dieu de la mer, qui, séduit par sa beauté, décida de l’enlever. Pour échapper à Neptune, elle se rendit au cœur de la Bourgogne où elle appela à l’aide son père et son amie Cérès. C’est alors qu’elle se transforma en une rivière qui prit la couleur émeraude de ses yeux. La Seine était née et, avec elle, l’Aube, l’Yonne, la Marne, l’Oise et l’Eure, symbolisant l’unité des nymphes gauloises.


Les Celtes apportaient des offrandes à la déesse du fleuve pour demander une guérison ou en remerciement des vœux exaucés. Cette pratique a évolué après la conquête romaine. Les Romains ont adopté des divinités locales et les ont intégrées à leur panthéon, construisant alors des temples en pierre disposant de basins et terrasses, dont les ruines sont encore visibles aujourd’hui.



Le sanctuaire des Sources de la Seine

Au cours du XIXème siècle, les archéologues ont découverts les vestiges de ce culte à la source de la Seine, en Bourgogne. Lors de fouilles menées de 1836 à 1967, les archéologues découvrent quelque 1 500 ex-voto – offrandes votives – en pierre, en bronze et en bois, représentant des parties du corps symbolisant des blessures ou des maladies nécessitant une guérison. Les ex-voto en pierre, unique en France, représentent ainsi des mains prenant la forme d’un étrier et tenant un fruit rond. Les ex-voto en bois, datant de 40 avant J.C, sont quant à eux extrêmement rares et ont été conservés grâce à un environnement marécageux et humide pendant plus de deux millénaires. Des statuettes illustrant des enfants portant des chiots ont également été retrouvés, reflétant sûrement les processions cérémonielles se concluant par le sacrifice de l’animal, une coutume de la Rome antique. Des messages dédiés à Sequana dans de multiples inscriptions ont été retrouvés, par exemple sur une jarre scellée contenant 120 ex-voto et quatre anneaux en or, ainsi qu’un vase rempli de plusieurs centaines de pièce de monnaie offert par un adorateur nommé Rufus.


La seule incarnation de Sequana date du premier siècle et subsiste encore aujourd’hui. Découverte en 1933 et joyau de la collection du musée archéologique de Dijon, il s’agit d’une statuette en bronze représentant la déesse couronnée, vêtue d’une robe fluide, se tenant sur une barque dont la proue a été façonnée en forme de tête de canard ou de cygne. La barque est ce qui définit Sequana, et l’oiseau d’eau est souvent évoqué comme l’animal protecteur des enfants et de la famille.

La déesse Sequana aux Sources de la Seine
La déesse Sequana aux Sources de la Seine © Alain Doire

Les Offrandes Purificatrices de Yan Tomaszewski

l'ex-voto immergé en l'honneur de Sequana
Yan Tomaszewski, l'ex-voto immergé, Crypte archéologique de l'île de la cité © Louise Guyonnet

Les rituels des pélerins de l’Antiquité se rendant à la source de la Seine ont inspiré l’artiste et cinéaste Yan Tomaszewski. Dans un récent projet, intitulé « Des ex-voto pour Sequana », l’artiste a immergée pendant plusieurs semaines, dans le fleuve, une série de sculptures enveloppées dans des linges en coton contenant du charbon actif symbolisant la purification de l’eau. Après leur séjour dans l’eau, le charbon de bois imprégné de pollution a ensuite été envoyé à un laboratoire scientifique pour analyse, et les sculptures ont été présentées dans diverses expositions muséales, dont une actuellement visible dans la Crypte archéologique de l’île de la Cité.



Cet article a été publié dans Le Ptit Rat n° 1 du 12 août 2024, intitulé Jeux artistiques.

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