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Robert Newland, associé d’Inigo Philbrick, condamné à la prison

En juin 2020, l’américain Inigo Philbrick a été arrêté, puis condamné à sept ans de prison pour fraude électronique dans le domaine de l’art. Le 20 septembre 2023, son associé Robert Newland a, à son tour, été inculpé à 20 mois d’incarcération pour les mêmes raisons. Bien qu’il n’ait pas été l’architecte de la fraude, il a néanmoins activement participé à son maintien et à son développement.

Photos de Robert Newland, à gauche et Inigo Philbrick, à droite
Robert Newland, à gauche et Inigo Philbrick, à droite

A la fin de l’année 2019, l’investisseur en art berlinois Fine Art Partners a poursuivi l’entreprise d’Inigo Philbrick pour fraude électronique. Jusqu’alors, Philbrick était considéré comme l’un des acteurs majeurs de l’art contemporain, et l’un des plus actifs. Cependant, l’homme d’affaires avait créé son empire sur le système de Ponzi, soit en rémunérant les investissements de ses clients grâce aux fonds procurés par les nouveaux entrants. En effet, Inigo Philbrick vendait des parts représentant plus de 100 % des œuvres d’art qu’il ne possédait pas, inventait des clients fictifs et falsifiait des contrats et des signatures. De plus, il utilisait régulièrement des œuvres d’art qu’il ne détenait pas afin de garantir des prêts à ses investisseurs et clients. Entre 2016 et 2019, il a ainsi réalisé plus de 86 millions de dollars (80,7 millions d’euros) de transactions frauduleuses.


En juin 2020, l’escroc a été arrêté par la police américaine et incarcéré à la prison fédérale d’Allenwood, en Pennsylvanie. Deux après son arrestation, le juge l’a condamné à sept ans de prison – incluant le temps passé en détention, mais sa peine devrait être considérablement réduite en raison de la loi sur l’équité des peines. Inigo Philbrick ne devrait purger qu’une peine de 48 à 49 mois avant le début de sa liberté surveillée.


Une fraude loin d’être individuelle

Cependant, Inigo Philbrick n’était pas le seul acteur de la fraude qu’il a menée pendant plusieurs années. Il s’est associé à Robert Newland, un Britannique qui est rapidement devenu son conseiller financier et partenaire d’affaires. Malgré les nombreuses incohérences remarquées dans les contrats d’Inigo Philbrick, Robert Newland a continué à travailler avec lui, déjà impressionné par la rentabilité du commerce de l’art. Le 20 septembre 2023, ce dernier a donc été jugé pour la fraude massive à laquelle il a participé. « En tant que conseiller financier, l'accusé s'est associé à Philbrick, un jeune marchand d'art talentueux, pour convaincre les investisseurs et les prêteurs de lui confier leurs œuvres d'art et leur argent. En fait, les mensonges ont imprégné presque tous les aspects de l'activité de Philbrick, qui s'est finalement transformée en un système de type Ponzi fondé sur des investissements fractionnés dans l'art et sur l'obtention frauduleuse de prêts », détaillait le communiqué du tribunal de New-York, le 12 septembre dernier.


En effet, en 2015, Robert Newland a notamment aidé Inigo Philbrick à obtenir un financement de la part de Fine Art Partners et d’Athena Art, en leur fournissant de fausses informations. Il a également rédigé plusieurs emails et lettres fictives au nom de son associé, et s’est rendu complice de nombreuses fausses déclarations auprès des clients d’Inigo Philbrick. Ces déclarations ont notamment aidé les deux hommes à obtenir des paiements substantiels de la part d’Athena Art et de deux investisseurs, concernant un tableau de Basquiat qu’ils ne possédaient pas. De plus, Robert Newland aurait été impliqué dans une quinzaine de transactions frauduleuses mises en place par Robert Philbrick, entraînant des pertes de plus de 40 millions d’euros.


Une sentence qui se veut exemplaire

Durant l’audience du 20 septembre 2023, l’avocat de M. Newland, Roger Burlingame a affirmé que son client n’était pas l’architecte de la fraude orchestrée par Inigo Philbrick et que, contrairement à son associé, il ne s’était pas offert un style de vie somptueux grâce à leur escroquerie. Le juge a également pu consulter près de 96 lettres de proches de Robert Newland, le décrivant comme un père de famille loyal pour ses deux filles, plein de remords quant à ses crimes.


Toutefois, le juge Sydney H. Stein a souligné que sans l’aide du conseiller financier, la fraude d’Inigo Philbrick « n'aurait pas pu durer aussi longtemps qu'elle l'a fait sans l'imprimatur de Newland ou sans sa participation active sur une période de deux ans ». De même, il a réfuté la bonne moralité de l’accusé en rappelant son expérience dans le domaine des affaires et sa formation. Selon lui, « M. Newland a élaboré des stratégies avec M. Philbrick, il a permis à la fraude de se poursuivre en la maintenant à flot ».


Condamné à 20 mois de prison et deux ans de liberté conditionnelle, Robert Newland pourra néanmoins purger sa peine au Royaume-Uni. En effet, le juge Stein a recommandé que l’accusé puisse profiter d’un programme international d’échange de prisonniers afin de se rapprocher de ses proches, bien que cette décision relève en dernier ressort du ministère américain de la Justice. M. Newland a été placé en détention provisoire pour les deux prochains mois et devra se rendre officiellement aux autorités le 1er décembre 2023. Malgré sa participation active à la fraude d’Inigo Philbrick, le juge Stein a affirmé que la peine du conseiller financier devait être moins grande que celle de son associé.


Dans un échange avec Artnet News, l’avocat new yorkais Judd Grossman a expliqué : « le juge Stein a observé à juste titre que cette affaire est malheureusement un nouvel exemple de personnes qui profitent de l'opacité du marché de l'art : en fin de compte, il a trouvé le juste équilibre entre la nécessité de punir et la dissuasion générale, tout en reconnaissant qu'en fin de compte, c'est Philbrick qui méritait la peine la plus sévère ».

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