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Macron au chevet du patrimoine religieux

Depuis la collégiale de Semur-en-Auxois, en Côté d’or, chef d’œuvre gothique dont la préservation est justement difficile pour cette commune de 4 200 habitants, le chef de l’Etat a lancé une collecte « pour mobiliser 200 millions sur quatre ans ».


Photo de l'Eglise corse Saint-André abandonnée
Eglise Saint-André Cranaggiolo, Corse. ©patlouperac

En juillet 2022, un rapport du Sénat alertait sur l’état de dégradation du patrimoine religieux dans les zones rurales, plus important que dans les zones urbaines. Pour y remédier, le président Emmanuel Macron a annoncé, vendredi 15 septembre, le lancement d’une collecte nationale au profit du patrimoine religieux des petites communes – de moins de 10 000 habitants en Métropole et de moins de 20 000 habitants en outre-mer. Une initiative dont les premiers bénéficiaires sont attendus pour avril.


Les dons peuvent être effectués sur le site de la Fondation du Patrimoine, depuis vendredi. Ils ouvrent droit à une réduction fiscale avantageuse pour les donateurs. « Ceux qui aident auront les mêmes avantages fiscaux que pour la cathédrale Notre-Dame », a déclaré le président de la République. Ainsi, les donateurs bénéficieront d’une réduction fiscale de leur impôt sur le revenu de 75 % de leur don dans la limite d’un plafond de 1 000 euros. Au-delà, une réduction de 66 % sera appliquée. En somme, un don de 1 000 euros, coûtera réellement 250 euros. Le régime fiscal du mécénat qui s’applique aux entreprises reste inchangé. Le dispositif « a vocation à récolter 200 millions d’euros sur quatre ans », a précisé Emmanuel Macron.


La Fondation du patrimoine se chargera de les répartir « en fonction de l’intérêt patrimonial » et de « l’urgence » des travaux. Selon l’Observatoire du patrimoine religieux, la France compte 50 000 édifices religieux, et parmi eux, 3 000 à 5 000 sont en périls. Pour faire son choix, la Fondation tiendra également compte de l’usage qui sera fait des lieux restaurés, en favorisant ceux qui s’ouvriront aux activités culturelles, telles que les concerts, les expositions ou les conférences.


Cette souscription nationale limite les bénéficiaires aux seules personnes publiques, excluant de facto la plupart des synagogues ou temples protestants, propriétés des associations culturelles. Seuls les édifices concordataires d’Alsace sont inclus. Une inégalité de traitement qui peut sembler hasardeuse, quelques semaines après la polémique sur l’abaya à l’école et avant la visite du pape à Marseille. Mais, la Fondation du patrimoine insiste sur une « opération laïque », ajoutant que « rien n’interdit le donateur à utiliser les autres outils de la Fondation qui organise des souscriptions en faveur d’édifices d’autres cultes ». « L’angle n’est pas culturel, mais territorial. En valorisant ce patrimoine, on conforte la dynamisation et l’attractivité des communes rurales », insiste-t-elle auprès du Quotidien de l’art.


« Plus on parlera du patrimoine et de sa valorisation (seule gage de sa pérennité), plus les décideurs le connaîtront et donc le sauvegarderont », estime Maxime Cumunel, secrétaire général de l’Observatoire du patrimoine religieux. « La prise de parole du Président est très importante à cet égard car elle aide à la prise de conscience et à lever les freins, y compris à l’adresse des entreprises traditionnellement frileuse sur un tel sujet. »


Cette collecte vient s’ajouter au Loto du patrimoine, incarné depuis cinq ans par l’animateur Stéphane Bern. En cinq ans, 230 millions d’euros ont été ainsi recueillis au profit de 863 projets, selon l’Elysée.

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