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L’Italie refuse de restituer une sculpture romaine à un musée allemand

Après la Seconde Guerre Mondiale, l’Allemagne a restitué une sculpture de Discobole (entre 100 et 200 avant notre ère) à l’Italie, par le biais du gouvernement américain. Récemment, le musée de Munich, où la statue fut exposée dans les années 1940, a sollicité un retour de l’œuvre parmi ses collections. Malheureusement pour l’institution allemande, l’Italie a catégoriquement refusé cette demande.


Photographie du Discobole (copie en marbre, entre 100 et 200 avant notre ère)
Discobole (copie en marbre, entre 100 et 200 avant notre ère)

En 1938, l’Allemagne nazie a acquis la sculpture Discobulus Lancellotti (Discobole ou « lanceur de disque ») à l’Italie fasciste de Mussolini pour plus de 5 millions de lires (plus de 5 millions d’euros). La statue avait été trouvée en 1781 sur la colline de l’Esquilin, à Rome. Adolf Hitler en a alors fait cadeau à un musée de Munich. Cependant, en 1948, le gouvernement américain a organisé la restitution de l’œuvre à son pays d’origine. Le Discobole en marbre est l’une des copies d’une sculpture en bronze réalisée par l’artiste athénien Myron au Ve siècle avant notre ère. Si l’œuvre originale est aujourd’hui perdue, on estime que cinq copies auraient été réalisées entre 100 et 200 avant notre ère.


Fin 2023, Stéphan Verger, le directeur du Musée National romain a sollicité la Glyphothèque de Munich -où la statue fut exposée entre 1938 et 1948- concernant la restitution d’une base en marbre pour le Discobole. Cependant, le directeur du musée de Munich, Florian S. Knauss, a rétorqué que l’œuvre devrait plutôt retourner en Allemagne. De son côté, le ministre italien de la culture, Gennaro Sangiuliano, refuse cette suggestion et affirme que le Discobole est « un trésor national ».


« La demande de la Glyptothèque de Munich de récupérer le Discobolus Lancellotti est aussi absurde qu'inadmissible. Il a été attaché et exporté illicitement à la suite d'un pacte impie entre les nazis et les fascistes. Merci aux Américains de nous l'avoir rendu », a déclaré M. Sangiuliano dans un communiqué relayé sur les réseaux sociaux. Le ministre italien de la culture a assuré que son homologue allemande, Claudia Roth, n’avait pas eu vent de l’affaire. Néanmoins, il suggère que ce conflit pourrait être résolu au niveau diplomatique. « Je suis sûr que la coopération entre l'Allemagne et l'Italie, qui est déjà excellente dans de nombreux domaines, s'améliorera encore à l'avenir dans le domaine culturel également. Toutefois, l’Allemagne devra me passer sur le corps pour récupérer la sculpture », a-t-il conclu.



De son côté, le directeur de la Glyphothèque de Munich, M. Knauss, ne compte pas abandonner cette tentative de restitution. « Je ne suis pas en mesure d'abandonner notre demande légale de restitution du Discobolus à notre musée. La sculpture a été légalement acquise par l'État allemand après avoir été offerte au Metropolitan Museum de New York. Les institutions italiennes au pouvoir à l'époque ont accepté l'exportation », déclarait-il dans un communiqué.


Le quotidien italien Corriere della Sera estime que cette impasse est un « chapitre risqué » de la coopération entre l’Italie et l’Allemagne. Dans un article récent, le média précise que ce conflit met en lumière « la relation tragique entre le fascisme et le nazisme ».


Une sculpture iconique au cœur de la discorde

Au Ve siècle, l’artiste athénien Myron a sculpté de nombreuses œuvres d’athlètes, dont le célèbre Discobole. Cette œuvre en bronze, réalisée entre 460 et 450 avant notre ère, représente un lanceur de disque nu, dans le style classiciste. En 1781, une version en marbre de l’œuvre a été retrouvée sur la colline d’Esquilin à Rome, permettant de remettre en question l’attribution de nombreux bustes romains découverts au XVIIIe siècle. Par la suite, ces bustes ont été modifiés et complétés par les collectionneurs pour ressembler au célèbre Discobolus Lancellotti. Ces projets de restauration suivaient ainsi la croyance selon laquelle les Romains auraient amélioré de nombreuses œuvres grecques, plusieurs décennies après leur réalisation.



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