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Les Rencontres d’Arles, plongée dans l’objectif des photographes

Créées en 1970 par le photographe arlésien Lucien Clergue, l’historien Jean-Maurice Rouquette et l’écrivain Michel Tournier, les Rencontres d’Arles sont l’événement annuel incontournable des photographes. En 2022, le festival n’accueillait pas moins de 165 artistes et 127 000 visiteurs au total. Sous le thème de « L’Etat de conscience », l'édition 2023 invite ses visiteurs à observer avec une meilleure acuité le monde qui les entoure.

Photographie de visiteurs à une exposition des Rencontres d'Arles, par Gaël Dupret
Les Rencontres d'Arles, par Gaël Dupret

Nombreux sont les photographes, d’ici comme d’ailleurs, à exposer leur travail aux Rencontres d’Arles 2023. Leur objectif, cette année, est de transmettre à travers leurs images une vision différente de notre environnement quotidien.


Nelly Monnier, Eric Tabuchi, Sheng-Wen Lo et Tanja Engelberts invitent notamment le spectateur à découvrir une nature brute et indubitablement sauvage, grâce à une exploration de la Camargue et du Rhône. Non sans figurer la splendeur de ces paysages, leurs photographies rappellent également leur fragilité et notre devoir de protéger ces espaces naturels.

D’autres, comme Chiki Weisz, Erwin Blumenfeld, Martine Franck et Lucien Clergue, retracent l’Histoire du pèlerinage de Saintes-Maries-de-la-Mer et de ce lieu incontournable de la région. Entre joie et tragédie, cette manifestation religieuse annuelle rassemblait plus de 30 000 pèlerins en mai dernier. De son côté, Yohanne Lamoulère a privilégié un voyage de l’étrange en Camargue, entre intemporalité et magie.


A quelques pas de ces expositions, les archives du Studio Rex, présentées par Jean-Marie Donat, mettent en lumière la ville de Marseille comme halte pour de nombreux migrants. En effet, les hommes et femmes venus du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne s’y arrêtent généralement avant une prochaine étape. De fait, l’immigration est au cœur de nombreux sujets photographiques. L’artiste Hannah Darabi présente notamment la diaspora iranienne aux Etats-Unis dans Soleil of Persian Square. A la Croisière, les visiteurs peuvent, en parallèle, découvrir l’Histoire iranienne des années 1950 à nos jours. Le duo de commissaires Sogol & Joubeen Studio, lauréats de la bourse de recherche curatoriale 2022 du festival, assure le commissariat de l’exposition « Entre nos murs ». Quant à eux, les férus d’Histoire peuvent retracer les événements des dernières décennies avec l’exposition des 50 ans du journal Libération, à l’Abbaye de Montmajour.


Certains artistes ont placé l’Amérique au cœur de leur objectif artistique. Les spectateurs peuvent par exemple découvrir 340 photographies tirées sur papier et Polaroid des années 1950 et 1960. Celles-ci figurent une part de la population américaine longtemps restée taboue, mais qui constitue l’un des premiers réseaux de la communauté LGBTQIA+ aux Etats-Unis : des hommes travestis en femmes d’intérieur. Dans le regard de Gregory Crewdson, cependant, c’est une autre période du continent que les visiteurs sont invités à parcourir. Ses images, mêlant techniques photographiques et cinématographiques, présentent une Amérique en crise, sombre et désolée. Au contraire, la rétrospective de Saul Leiter souligne l’effervescence new yorkaise et un kaléidoscope de culture avec ses œuvres en blanc, noir et couleur.



Pour les rencontres d’Arles, cette année est également placée sous le signe de la nouveauté. Jusqu’à septembre, en effet les cryptoportiques – soubassement du forum romain, sont investis pour la première fois par le festival. Au cœur de ces lieux magiques, l’artiste Juliette Agnel met en scène le mystère de nos origines. De son côté, le photographe Roberto Huarcaya trouble l’œil du spectateur dans sa représentation de la forêt tropicale péruvienne, grâce à une pratique nocturne de la technique du photogramme. Enfin, Zofia Kulik construit une nouvelle identité féminine par le biais du scrapbook, une tradition anglo-saxonne qui allie l’album photo et le journal intime. Teintées par un caractère cinématographique, ses photographies manipulent le regard du spectateur en même temps que leur médium artistique.


Enfin, l’émergence est encore à l’honneur aux Rencontres d’Arles. Nombre de jeunes artistes ont été invités à exposer leur travail dans les lieux incontournables du festival. C’est notamment le cas de trois étudiants de l’Ecole nationale supérieure de la photographie et du lauréat du Prix Découverte Fondation Louis Roederer, dont les œuvres sont présentées à l’église des Frères-Prêcheurs.


Jusqu’au 24 septembre, les afficionados de photographie peuvent découvrir les différentes expositions du festival à travers 26 lieux emblématiques de la ville. Visite culturelle et découverte de cet emblème de la Provence, c’est une véritable évasion artistique que les visiteurs sont invités à faire aux portes de la Camargue.

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