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Le Musée Folkwang suspend sa collaboration avec Anaïs Duplan à la suite de propos propalestiniens

Dernière mise à jour : 4 janv.

Depuis le 7 octobre dernier, le conflit israélo-palestinien polarise le monde de l’art et de la culture. Dans un climat international où les opinions sur le sujet se voient progressivement censurées, nombre d’artistes sont exclus des musées ou des expositions pour leurs prises de position. C’est notamment le cas de l’écrivain, commissaire d’exposition et professeur Anaïs Duplan, dont la collaboration avec le Musée Folkwang d’Essen a subitement pris fin après plusieurs publications Instagram propalestiniens.



Mi-novembre, l’artiste Anaïs Duplan (dont les pronoms sont il/les) a partagé sur le réseau social Instagram des captures d’écran d’un email du Musée Folkwang, d’Essen. Le courriel, rédigé par le directeur de l’institution, Peter Gorschlüter, informait M. Duplan que leur collaboration était désormais « suspendue ». Pour justifier cette décision, le Musée Folkwang expliquait : « Nous avons remarqué que vous avez partagé et commenté un certain nombre de publications sur votre profil Instagram à la lumière de la situation actuelle en Israël et à Gaza. De notre point de vue, certains de ces posts sont inacceptables. Ces posts ne reconnaissent pas l'attaque terroriste du [Hamas] et considèrent l'occupation militaire israélienne à Gaza comme un génocide ».


Selon M. Gorschlüter, l’engagement de l’écrivain et artiste Anaïs Duplan « met le musée dans une situation où il pourrait être considéré comme soutenant des tendances antisémites et des voix qui remettent en question le droit même à l'existence de l'État d'Israël ». De fait, le professeur et commissaire-priseur s’est également vue écarté d’une exposition intitulée « We is Future », dans laquelle il présentait le potentiel intersectionnel de l’afrofuturisme à travers, entre autres, des œuvres de Fields Harrington. Afin de signifier son profond désaccord avec ses opinions, l’institution a complètement fermé la zone de l’exposition dédiée à Anaïs Duplan.


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Interrogé par ARTNews, un représentant du Musée Folkwang a précisé la nature de cette décision : « À l'automne 2022, le Museum Folkwang a invité Anaïs Duplan à diriger un chapitre sur l'afrofuturisme pour [l'exposition]. Le conservateur et professeur de littérature, qui vit aux États-Unis, possède une expertise reconnue dans ce domaine. Depuis le 18 octobre 2023, diverses publications relatives à la situation actuelle en Israël et à Gaza ont été partagés et commentés par Duplan sur le profil Instagram @an.duplan. Le 10 novembre, un post est apparu sur ce compte appelant à soutenir le réseau BDS. Le Bundestag allemand a catégorisé ce réseau comme antisémite ». Le mouvement BDS ou « Boycott, Désinvestissement, Sanctions » est initié par certains citoyens Palestiniens « pour la liberté, la justice et l'égalité ». Ce réseau affirme d’ailleurs « défendre le principe simple selon lequel les Palestiniens ont les mêmes droits que le reste de l'humanité ». Cependant, plusieurs gouvernements considèrent ce mouvement comme étant antisémite.


Pour conclure sa déclaration à ARTNews, le représentant du Folkwang précisait : « Cette décision n'a été prise ni pour des raisons de conservation artistique, ni pour le thème de l'exposition, mais uniquement parce que le conservateur prend personnellement parti pour la campagne BDS, qui remet en question le droit à l'existence d'Israël. Le musée Folkwang est très préoccupé par l'évolution de la situation en Israël et à Gaza et par les souffrances de la population civile des deux côtés. La ville d'Essen et le musée Folkwang défendent la paix et le dialogue entre les cultures ».


De son côté, Anaïs Duplan a reçu de nombreux soutiens de la part de ses collègues artistes, professeurs et commissaires-priseurs. Cependant, il a déclaré dans une nouvelle publication Instagram que leurs priorités seraient désormais « de s'assurer que tout artiste à l'avenir - en particulier les artistes BIPOC [NDLR : Noirs, autochtones et personnes de couleur] - qui envisage de travailler avec [le musée] ait une transparence totale concernant leur politique, non seulement en ce qui concerne la guerre contre la Palestine, mais aussi leurs pratiques de travail très délicates ».


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