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Le Musée Ernest Hébert, chronique d’un abandon

Ce musée, ouvert en 1978 dans l’Hôtel de Montmorency au 85, rue du Cherche Midi, est fermé depuis 2006, pour des raisons de sécurité et d’accessibilité. Le Maire du VIème arrondissement dénonce l’abandon du Musée Hébert par l’Etat.

L’hôtel de Montmorency-Bours – Le Musée Ernest Hébert
L’Hôtel de Montmorency – Le Musée Ernest Hébert

Le Musée Ernest Hébert, oublié et délabré

Le Musée Ernest Hébert a été inauguré en 1978 grâce au legs de René Patris d’Uckermann, descendant du peintre, qui a voulu laisser à la postérité sa collection des œuvres d’Ernest Hébert (1817-1908) et un lieu où l’exposer, l’Hôtel de Montmorency, rue du Cherche-Midi. Il légua également à l’Etat deux immeubles de rapport dont les revenus devaient assurer le financement du fonctionnement de l’institution.


En 2004, le lieu ferme ses portes, le bâtiment ne correspondant pas aux normes d’hygiène et de sécurité. Placé sous la tutelle du Musée d’Orsay, l’édifice nécessite d’importants travaux de rénovation avant de pouvoir rouvrir au public. La collection est répartie entre le Musée de La Tronche, une salle dédiée à Hébert au sein du Musée d’Orsay et les réserves du musée. Dix-neuf ans plus tard, des filets couvrent toujours la façade de l’édifice vidé de ses collections. Il est à l’abandon.


Le maire du VIème arrondissement de Paris, Jean-Pierre Lecoq, dénonce « l’inaction totale » du ministère de la Culture, qui « laisse péricliter » ce patrimoine culturel historique. Il affirme avoir sollicité à plusieurs reprises les différents ministres de la Culture depuis 2017, pour trouver une solution. Mais aucune avancée n’a vu jour, malgré sa visite sur place et sa réunion au cabinet du ministre de la Culture de l’époque, en 2019.


Face à cette « situation accablante », il demande la vente de ce musée par l'Etat afin d'aider « d'autres institutions culturelles en difficultés ».


Un imbroglio administratif

La situation du Musée Ernest Hébert est complexe sur le plan juridique et institutionnel, à cause des conditions du legs. En effet, le musée dépend du ministère de la Culture, les bâtiments appartiennent à la Réunion des musées nationaux (RMN) – qui n’a pas les moyens pour financer les lourds travaux de rénovation de l’Hôtel – et la clause légataire est gérée par la Fondation de France, qui bénéficie des rentrées financières des immeubles de rapport, mais ne se presse pas d’examiner le problème de rénovation. Enfin, le Musée d’Orsay est chargé de la gestion administrative et scientifique des collections.


Certes, la clause légataire protège la collection et les locaux qui « auraient été transformés en bureaux pour certaines « excellences » du ministère de la Culture ou pour un corps d’inspection » si celle-ci n’avait pas existé, selon l’élu – mais elle empêche également le dénouement de cette affaire.


Une révision du legs ?

Une première étape serait de réviser le legs, avec l’accord de la Fondation de France, et de transférer la propriété des murs au Musée d’Orsay. Ensuite, viendra la question du financement des travaux, qui coûteraient « a minima 20 millions d’euros », selon Jean-Pierre Lecoq. Une question peut être posée : les biens remis à la Fondation de France sont-ils seulement inaliénables ou doivent-ils rester au service des intentions premières des donateurs ? Ne pourrait-on envisager la vente du ou des immeubles de rapport pour financer ces travaux ? Il serait dommage que cet hôtel du XVIIIème dont la façade est inscrite aux Monuments Historiques ne retrouve pas sa vocation d’héberger les œuvres d’Ernest Hébert et d’être ouvert au public comme le souhaitait le donateur.


Selon un rapport d’avril 2017 de l’Inspection général du ministère de la Culture, qui déplorait aussi le délabrement des lieux, les travaux pourraient être financés par la vente des immeubles de rapport. Une solution qui n’a visiblement pas été retenu.


« C’est un véritable appel à la responsabilité et à l’intelligence de toutes les parties prenantes dans ce dossier que je lance aujourd’hui », a déclaré Jean-Pierre Lecoq. En attendant, le statu quo perdure.

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