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Le Musée Chrysler en Virginie accusé d’avoir volé une statue de Peter Stephenson

Depuis les années 1980, la statue Wounded Indian (L’indien blessé) est exposée au Musée d’art Chrysler en Virginie. Cependant, l’Association Caritative de Mécanique du Massachussets (MCMA) accuse le musée d’avoir dérobé cette œuvre lors d’une relocalisation dans les années 1950.


Photographie de la statue de L'indien blessé, de Paul Stephenson
Statue de L'indien blessé, de Paul Stephenson

En 1850, l’artiste bostonien Peter Stephenson a sculpté le L’Indien blessé, une statue de plus de 1m50 par 90 cm, réalisée dans du marbre extrait du Vermont. Quelques années après le décès de Stephenson, l’œuvre a été vendue à William Emerson Baker en 1877, puis à James W. Bartlett en 1889, qui l’a d’abord conservée dans les bâtiments de la MCMA avant d’en faire donation à l’association en 1893. L’Association Caritative de Mécanique du Massachussetts a ainsi exposé le L’Indien blessé pendant 65 ans, jusqu’à ce que l’œuvre ne disparaisse au cours d’un déménagement de la collection en 1958. A cette époque, la MCMA pensait que la sculpture avait été irrémédiablement endommagée et qu’elle avait été jetée.


Cependant, en 1986, la statue de Stephenson est réapparue dans la collection du Musée Chrysler en Virginie. Elle comptait parmi les dernières acquisitions de Walter P. Chrysler Jr., l’un des bienfaiteurs du musée, avant son décès. M. Chrysler affirmait avoir acheté l’œuvre au collectionneur d’art James Ricau, un « personnage excentrique qui s’inquiétait peu de la documentation, de la prospérité ou du profit », selon l’un des conservateurs du musée. En 1991, ce dernier avait d’ailleurs remarqué l’absence de certification quant à la provenance du L’Indien blessé. Huit ans plus tard, le directeur de la MCMA a visité le Musée Chrysler après qu’un chercheur ait affirmé que la statue existait encore et qu’elle y était exposée.


En 1999, la MCMA a donc réclamé des réponses au Musée d’art Chrysler concernant la provenance de la sculpture, appuyée par l’avocat spécialiste du patrimoine, Greg Werkheiser. Néanmoins, la direction du musée a affirmé que l’association n’avait détenu qu’une copie du la statue et que l’œuvre originale était bel et bien exposée en Virginie. Par la suite, la MCMA a demandé au Musée Chrysler un prêt de la statue afin de l’exposer à Boston pendant six mois, mais cette requête n’a jamais abouti. A l’époque, le Chrysler a même ajouté que la MCMA s’était volontairement débarrassée de la sculpture – pensant qu’elle était endommagée – et que l’association regrettait cette décision.


L'association des Partenaires du Patrimoine Culturel, dont l’avocat Greg Werkheiser fait partie, a récemment pu obtenir toute la documentation concernant le L’Indien blessé, incluant les inquiétudes du conservateur du musée en 1991 quant à sa provenance. En 2020, l’association a requis que le musée reconnaisse la propriété de la MCMA sur la sculpture et rembourse les milliers de dollars dépensés par l’association pour la recherche et les démarches légales afin de la récupérer. Depuis, le Musée Chrysler a mis à jour la documentation concernant la provenance des œuvres, indiquant notamment que la statue a appartenu à l’association. Néanmoins, la direction de l’institution a souligné que la demande de remboursement est « une demande monétaire totalement scandaleuse ».


Le directeur du musée, Erik Neil, a souligné que la MCMA n’a jamais signalé le vol de la sculpture et ne l’a pas listée dans le Registre des Pertes d’Art, une base de données internationale répertoriant les œuvres d’art volées. « Ce n'est pas un cas de pillage, de vente forcée par un régime oppressif ou de pillage de tombes », a-t-il affirmé. Le directeur a également soutenu que le personnel du Musée Chrysler « a partagé sans réserve des informations à la MCMA concernant la provenance de la statue, des comptes rendus de réunions du conseil d’administration et des contrats d’achat ».


De son côté, l’avocat Greg Werkheiser a un avis fort différent sur la question. « C’est incroyablement banal et non contraire à l'éthique pour une institution qui s'est vu refuser à tort la propriété de quelque chose qu'elle possède depuis des décennies. Ce qui rend cela encore plus offensant, c'est qu'une grande partie des coûts assurés par la MCMA ont été entraînés par les actes de tromperie du Musée Chrysler », expliquait-il dans un communiqué. A ce jour, la MCMA réclame la restitution permanente du L’Indien blessé. Aussi, Greg Werkheiser a affirmé que l’affaire a été portée devant la justice et que des poursuites pourraient être lancées si nécessaire.



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