Le Louvre le voulait. Il devrait bientôt pouvoir l’acheter. Le musée lance une souscription publique pour acquérir Le Panier de fraises des bois (1761) de Chardin. Le groupe LVMH s’engage à financer les deux tiers du prix de la nature morte, soit environ 15 millions d’euros sur 24,4.
Depuis plusieurs décennies, le Louvre rêve de posséder Le Panier de fraises des bois, une nature morte réalisée par Jean-Baptiste Siméon Chardin (1699-1779) en 1761, à l’apogée de sa carrière. Ce tableau, dans un état de conservation exceptionnel, représente une pyramide de fruits rouges dans un panier en osier, accompagnée d’un verre, d’œillets blancs, de deux cerises et d’une pêche.
Mais ce rêve a un prix : 24,4 millions d’euros. C’est la somme pour laquelle le tableau a été adjugé au Kimbell Art Museum, situé à Fort Wirth, au Texas, lors d’une vente aux enchères chez Artcurial en mars 2022. Le Louvre n’a pas pu exercer son droit de préemption en raison de son budget d’acquisition limité à 13 millions d’euros par an. Le ministère de la Culture a alors suspendu la vente et bloqué l’exportation du tableau en lui attribuant le label de « trésor national ».
L’Etat dispose de trente mois pour réunir la somme. Pour y parvenir, le Louvre a lancé mardi 7 novembre une souscription publique dans le cadre de son opération annuelle « Tous mécènes ! ». L’objectif est de récolter 1,3 million d’euros grâce aux dons du public pour compléter les 15 millions apportés par LVMH, dont le nom s’impose dès que les œuvres se calculent en dizaines de millions. Un don à hauteur de 500 000 euros de la Société des Amis du Louvre, ainsi que le soutien de deux autres entreprises françaises qui ont souhaité rester anonymes, viennent également alléger le montant de la souscription nationale lancée par le Louvre.
Si l’interdiction de sortie de territoire du Panier de fraises prend fin en automne 2024, la campagne de financement participatif s’achèvera, elle, le 28 février prochain, le tableau étant exceptionnellement présenté durant cette période au sein des collections de peintures françaises du Louvre (salle 831, 2e étage de l’aile Richelieu). Si l’objectif n’est pas atteint, LVMH a assuré qu’il prendra en charge la différence.
Le Louvre possède déjà le plus important ensemble du monde de nature mortes de Chardin, soit quarante et une œuvres. Mais « ce n’est pas un Chardin de plus », a rectifié Laurence des Cars, présidente-directrice du musée, lors du lancement de la 14e campagne de financement participatif « Tous mécènes ! ». « C’est le Chardin manquant ! » Exposé pour la première fois au Salon carré du Louvre en 1761, le tableau a ensuite appartenu à la même collection privée française, celle des descendants du grand collectionneur Eudoxe Marcille (1814-1890), depuis le milieu du XIXème siècle.
Depuis sa première édition en 2010, la campagne « Tous mécènes ! » a permis de restaurer et d’acquérir de nombreuses œuvres d’art majeures. Par exemple, elle a rendu possible l’entrée dans les collections du musée des Trois Grâces (1531) de Lucas Cranach l’Ancien et la restauration de la Victoire de Samothrace, une sculpture datant de 190 avant J.-C.
Pour faire un don, rendez-vous sur la plateforme en ligne donate.louvre.fr, avant le 28 février 2024.
Tout don ouvre droit aux particuliers à une réduction d’impôt à hauteur de 66% de la somme et permet également de bénéficier d’avantages de la part du musée du Louvre (en fonction du montant versé).
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