En juin dernier, Nancy Yao devait être promue directrice du nouveau musée de l’Histoire des femmes américaines de la Smithsonian, un musée dédié à l’importance des femmes dans l’Histoire des Etats-Unis. Néanmoins, l’ancienne directrice du Musée des Chinois en Amérique (MOCA) n’endossera pas ce nouveau rôle, à la suite de scandales liés à sa précédente position.
Dans une lettre concernant son abandon de poste, Nancy Yao a évoqué des « problèmes familiaux requérant toute son attention ». Cependant, celle qui devait être la nouvelle directrice du Musée de l’histoire des femmes américaines a plutôt quitté son rôle pour des raisons professionnelles. En effet, en avril, une enquête du Washington Post a révélé plusieurs scandales liés à son ancien poste comme directrice du Musée des Chinois en d’Amérique.
Les recherches des journalistes ont notamment mis en lumière l’environnement de travail toxique qu’elle dirigeait et, dans certaines mesures, encourageait. Selon l’enquête, le MOCA aurait réglé trois poursuites pour licenciements abusifs de la part d’anciennes employées en représailles à des allégations de harcèlement sexuel contre leurs collègues masculins. Lors des poursuites, la directrice a prétendu avoir procédé à des licenciements à la suite de problèmes budgétaires et nié la cause des représailles. Cependant, les documents judiciaires révèlent qu’en tant que présidente du musée, elle aurait « toléré et approuvé le harcèlement sexuel persistant de deux employés masculins ». Nancy Yao s’est également défendue de cette accusation, en expliquant avoir mis en place des procédures et politiques appropriées concernant le harcèlement au travail. Or, deux des hommes nommés dans le cadre des allégations ont conservé leur poste au MOCA, tandis que le dernier a été promu à un poste plus élevé par Nancy Yao elle-même.
De plus, l’ancienne directrice du MOCA entretient une relation difficile avec les membres de la communauté de Chinatown, à New York. En effet, plusieurs personnes l’accusent d’avoir accepté des financements de l’administration de l’ancien maire de la ville, Bill de Blasio, en échange de son soutien quant à l’agrandissement de la prison dans le quartier. Cette fois encore, Nancy Yao avait nié les accusations. De même, des activistes new yorkais ont protesté contre le MOCA, suite à la décision d’un des membres de son conseil, Jonathan Chu, de relocaliser un restaurant iconique de Chinatown. Cet établissement aurait en effet connu des difficultés financières durant la crise de Covid-19, tandis qu’un mouvement de pensée anti-Chinois se développait à travers le monde. En 2021, une vingtaine de membres du collectif artistique, Godzilla, ont retiré leurs œuvres du MOCA et demandé la démission de Nancy Yao.
L’ancienne directrice du musée a répondu au Washington Post par message, en expliquant que « toute allégation peut être faite sans preuve », que les sources « s’entendent et falsifient la vérité » et a qualifié les allégations « d’accords de nuisance ». De son côté, le Musée Chinois d’Amérique ne s’est pas prononcé quant à l’affaire.
Tandis que le musée de l’Histoire des femmes américaines recherche un nouveau directeur, la Smithsonian a choisi Melanie Adams, présidente du Musée de la Communauté Anacostia, pour occuper le poste par intérim. Lisa Sasaki, la directrice par intérim actuelle – qui aurait dû être remplacée par Nancy Yao – a été promue à un autre poste directif au sein du musée.
Le musée de l’Histoire des femmes américaines est l’un des deux nouveaux musées de la Smithsonian Institution. Jorge Zamanillo, l’ancien directeur du Musée d’histoire de Miami, a été choisi pour être le directeur fondateur du second musée : le Musée national de l’histoire Latino-Américaine.
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