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L’Australie met en pause un important programme d’art public

Le programme annuel de la commission d’art Hyde Park Barracks, en Australie, a débuté en 2020 avec une œuvre de Jonathan Jones. Trois ans après sa mise en place, le gouvernement met en pause cette initiative, au grand dam du sculpteur Alex Seton. De son côté, la communauté artistique australienne accueille cette nouvelle avec inquiétude.


Photographie du site de Hyde Park Barracks, inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO
Site de Hyde Park Barracks, inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO

A Sydney, le site Hyde Park Barracks est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis plus de treize ans. En 2020, le gouvernement australien a donc choisi de mettre en place un programme annuel d’art public pour le mettre en valeur. Après avoir été inauguré par le travail de l’artiste Jonathan Jones, il a pu accueillir les œuvres de Fiona Hall, Daniel Crooks, Angela Tiatia et Tony Albert. En 2021, le gouvernement de Nouvelle-Galles du Sud (NSW) a affecté un budget de 2 millions de dollars au programme d’art public, qui auraient dû le financer jusqu’en 2025. En 2022, l’organisation des Musées d’Histoire de Nouvelle-Galles du Sud (MHNSW) – qui s’occupe de la gestion des sites historiques – a commissionné le sculpteur Alex Seton pour le programme d’art de 2023.


En novembre 2022, les Sydney Living Museums, une société statutaire qui supervisait auparavant le site Hyde Park, ont été rebaptisées MHSNW. En janvier suivant, la MHNSW a annoncé la promotion de John Vallance, un bibliothécaire d’Etat, en tant que PDG par intérim de l’organisation. Mais le recrutement de John Vallance s’est révélé particulièrement controversé auprès de la MHNSW et de la communauté artistique. Plusieurs membres du conseil administratif de la MHNSW ont d’ailleurs quitté leur poste à la suite de cette promotion. Par la suite, John Vallance a décidé d’interrompre le programme annuel de Hyde Park Barracks et de d’annuler le projet d’Alex Seton. Le sculpteur a appris la mauvaise nouvelle en mai dernier, après dix-huit mois de travail sur le projet. « Les artistes ne partagent pas souvent leurs défaites, mais celle-ci a de plus grandes implications que mon seul travail et je suis déçu pour nous tous », affirmait-il dans un post Instagram en mai.


La MHNSW a choisi de répondre à sa publication sur le réseau social auprès du journal Sydney Morning Herald. « Le programme d’art n’a pas été annulé. Il a été suspendu en attendant le résultat d'un examen indépendant de l'approche de mise en service du MHNSW. Aucune décision n’a été prise concernant le programme d’art jusqu’à 2025 », a précisé un représentant de l’organisation. La MHNSW a également ajouté que le projet d’Alex Seton a été abandonné à la suite d’une « réévaluation interne des priorités et des processus » et que l’artiste a toutefois été payé pour son travail. Selon les sources du Sydney Morning Herald, l’œuvre prévue par le sculpteur aurait dû coûter 530 000 dollars à l’organisation et son prix serait la cause principale de l’interruption du programme d’art.


Le projet d’Alex Seton pour le site Hyde Park Barracks était de construire un fossé autour de l’édifice historique, afin de le transformer temporairement en îlot. L’objectif, selon l’artiste, était de mettre en avant l’héritage du colonialisme britannique et les idées qui l’ont rendu possible. « Nous ne sommes pas une île, mais la figuration de l’Australie en tant qu’île a soutenu le concept « terra nullius » [NDLR : territoire sans maître] qui a ainsi justifié la dépossession des personnes autochtones. Ce concept a également instauré l’Australie en tant que colonie, puis en tant que promesse d’évasion pour des migrants de tous horizons face à des structures existantes », expliquait Alex Seton.


L’interruption du programme d’art et l’abandon du projet d’Alex Seton sont les dernières décisions prises par John Vallance en tant que PDG par intérim du MHNSW. Depuis mai, il a été remplacé de manière permanente par Mary Darwell. Cependant, les dernières décisions du MHNSW créent de nombreuses inquiétudes dans le milieu artistique.


« Pour le secteur, cela soulève une inquiétude quant à un traitement professionnel et juste des artistes, mais aussi des questionnements quant à l’utilisation des fonds qui ont été accordés au programme d’art », détaillait Penelope Benton, la directrice exécutive de l’Association Nationale des Arts Visuels. « Pour l’artiste Alex Seton, c’est évidemment un énorme coup de poing professionnel et financier, à la suite de nombreux mois de travail, et l’abandon de plusieurs opportunités afin de se concentrer sur un projet qui n’aboutira finalement pas », concluait-elle au magazine ArtsHub.


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