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L’art islamique victime du conflit au Moyen-Orient

Face au contexte israélo-palestinien qui fait rage à Gaza, le Musée Frick Pittsburgh a décidé de reporte une exposition d’art islamique, jugée inappropriée. Ce report a cependant été contestée par des organisations musulmanes et juives.

Tesson de mosaïque d'art islamique
Tesson de mosaïque islamique présenté dans l'exposition « Ornement précieux : 10 siècles d’art islamique » au Frick Pittsburgh Museum. © Frick Pittsburgh

La guerre entre le Hamas et Israël ne divise pas forcément le monde culturel comme en témoignent les réactions après le report d’une exposition d’art islamique aux Etats-Unis. Le Musée Frick Pittsburgh (Pennsylvanie) devait accueillir du 4 au 25 février 2024 l’exposition « Ornement précieux : 10 siècles d’art islamique ». Cette exposition, qui rassemble des œuvres d’art diverses, comme de la verrerie, de la céramique, de la ferronnerie, de la peinture et des armes, avait déjà été reporté une première fois pour des raisons de calendrier.


Mais le 17 octobre, soit dix jours après le début des hostilités à Gaza, le musée a annoncé discrètement que l’exposition était de nouveau reportée, cette fois-ci à août 2024. La directrice du musée, Elizabeth Barker, a justifié cette décision par le souci de ne pas heurter la sensibilité des spectateurs face à la crise au Moyen-Orient.


Cette décision a provoqué la réaction indignée de plusieurs organisations musulmanes, mais aussi juives, qui ont dénoncé une confusion entre l’art islamique et le terrorisme. Christine Mohamed, directrice du Conseil des relations américano-islamiques (CAIR) de Pittsburgh, un groupe musulman de défense des droits civiques, a exprimé sa déception dans un communiqué : « La décision de reporter l’exposition sous prétexte de nuire potentiellement à la communauté juive perpétue le stéréotype néfaste selon lequel les musulmans ou l’art islamique sont synonymes de terrorisme ou d’antisémitisme. »


Christine Mohamed a également rappelé le traumatisme et les souffrances vécus par le peuple palestinien, et a appelé à plus d’empathie et d’humanité. Selon des chiffres de 2017 et 2019 de l’Institut arabo-américain, les Etats-Unis comptent 3,6 millions d’Arabes, dont 6 % de Palestinien. La diaspora juive rassemble, elle, entre 6 et 7 millions de personnes.


Adam Hertzmann, le porte-parole de la Fédération juive de l’hôtel le Grand Pittsburgh, a également critiqué le report de l’exposition. Il a affirmé que l’art islamique pouvait être une source de dialogue et de compréhension entre les cultures, et que le report était une occasion manquée de promouvoir la paix et la tolérance. Il a également souligné que l’art islamique n’avait rien à voir avec le conflit actuel, et qu’il était regrettable de l’associer à la violence : « Assimiler l’art islamique et les musulmans en général au Hamas est certainement biaisé et c’est certainement quelque chose contre lequel nous sommes opposés. » Il a ajouté qu’il pensait que « peu de gens dans la communauté juive auraient été préoccupés par une exposition sur l’art islamique parce que nous comprenons que cela n’a rien à voir avec le Hamas, qui est une organisation terroriste ».


Face à la polémique, le musée a changé de discours et a présenté ses excuses dans une nouvelle déclaration. Il a affirmé que l’exposition avait été reportée parce que le Frick n’avait pas consulté la communauté musulmane locale, ce qu’il a reconnu comme une erreur. « Le Frick est dévasté d’avoir blessé des voisins que nous respectons profondément avec notre communication peu claire sur le report de cette exposition présentant 10 siècles d’art islamique. Nous travaillerons sérieusement pour réparer nos relations avec la communauté musulmane », peut-on lire dans le communiqué. Le musée a déclaré qu’il avait réservé l’exposition itinérante « il y a des années » parce que l’accent mis sur le design et les matériaux à travers les siècles était lié thématiquement aux récentes expositions de Frick sur Fabergé et les bijoux Art nouveau. Il a promis de travailler avec la communauté musulmane pour présenter l’exposition dans le futur, avec plus de contexte historique et culturel.


Cependant, une version antérieure de la déclaration, maintenant archivée après avoir été supprimée, indiquait qu’il « aurait été impossible de prédire que la guerre éclaterait au Moyen-Orient à l’époque de cette émission, provoquant un chagrin généralisé et une tension sociale croissante », rapporte Artnet.


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