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En Turquie, un squelette humain de 2 700 ans découvert dans la forteresse d’Ayanis

Lors de fouilles menées par le département d’archéologie de l’Université d’Atatürk, un squelette humain a été découvert dans la citadelle d’Ayanis, en Turquie. Extrêmement bien conservés malgré les presque trois millénaires écoulés depuis le décès de l’individu, les restes pourraient confirmer une hypothèse des spécialistes quant à la chute de la cité, au VIIe siècle avant notre ère.


Photographie en vue aérienne du squelette découvert dans la forteresse d'Ayanis, en Turquie
Vue aérienne du squelette découvert dans la forteresse d'Ayanis, en Turquie

Dans les années 1980, des premières fouilles archéologiques ont été menées dans la forteresse d’Ayanis, en Turquie. En effet, ce site important du royaume Urartu fut bâti au VIIe siècle avant notre ère sous le règne du roi Rusa II. Cependant, la citadelle fut détruite quelques années plus tard, lors d’un tremblement de terre ou d’un assaut ennemi, selon les spécialistes. En 2023, la découverte d’un squelette dans une partie annexe de la forteresse laisse supposer que la première hypothèse des archéologues serait la bonne. Les restes de l’individu, datant de 2 700 ans, étaient entourés d’objets personnels et suggèrent qu’une catastrophe soudaine s’est abattue sur la forteresse.


Si une analyse anthropologique est nécessaire pour déterminer l’âge et le sexe de l’individu, les experts estiment qu’il s’agissait d’un jeune adulte. Portant des bijoux et entourée d’armes et d’artefacts, la personne aurait eu un haut rang dans la société Urartu et semble avoir vécu dans l’opulence. Des sceaux symbolisant la propriété et l’autorité marquent d’ailleurs ses objets personnels. Le squelette était accompagné d’une tablette gravée de caractères cunéiformes, qui seront bientôt traduits par les spécialistes. Ainsi, l’individu pourra révéler de nouveau indices sur son identité, sa classe sociale, son rôle, ainsi que le fonctionnement de la cité d’Ayanis à l’époque.


Enfin, l’état de conservation exceptionnel du squelette laisse penser que des traces de tissu cérébral pourraient être trouvés dans son crâne. Cependant, certains spécialistes sont sceptiques à ce sujet et pensent que les conditions climatiques de la région ne permettent pas une telle conservation.

Quelques jours après cette découverte, une autre équipe d’archéologues en a fait une similaire à Tavşanli Höyük, dans la région de Kütahya, en Anatolie (actuelle Turquie). Le site étudié par les spécialistes était celui de la plus grande colonie d’Anatolie occidentale à l’âge de bronze. Selon eux, il s’agirait d’ailleurs de la capitale de cette région. Néanmoins, les ossements retrouvés ont pu être identifiés plus rapidement par l’équipe : ils appartenaient à deux hommes, l’un âgé de 40 à 45 ans et l’autre âgé de 15 à 18 ans. Ces individus ont, pour leur part, péri dans l’incendie de leur demeure vers 1 700 avant notre ère. Leurs dépouilles comportaient des restes de peau brûlée et de tissu cérébral, une découverte inédite dans l’histoire des recherches menées en Anatolie.


Une catastrophe à l’origine de la chute du royaume

Depuis les premières fouilles d’Ayanis, les éléments découverts par les archéologues indiquent un abandon soudain de la citadelle, probablement dû à une catastrophe naturelle. Les spécialistes ont notamment trouvé des offrandes au dieu Haldi gisant sur le sol et de nombreux objets éparpillés de manière similaire. De plus, aucune trace de pillage ni de combat n’a été détectée par les équipes de fouilles. L’hypothèse d’un assaut ennemi reste donc la moins probable à ce jour.


Selon Mehmet Isikli, professeur au département d’archéologie de l’Université Atatürk et directeur des fouilles actuelles, la recherche actuelle menée dans la citadelle est « le seul projet de fouilles qui a le potentiel de résoudre les énigmes de l’apogée et de l’effondrement du royaume ». Cependant, les fouilles sont difficiles pour les archéologues, à cause de l’architecture du site. « Nous avons atteint une profondeur d’environ six mètres. De riches assemblages d’artefacts nous accueillent. Nous savons qu’il y a quatre espaces principaux, qui pourraient même être au nombre de cinq. Il n’est pas facile de comprendre leur fonction », précise l’archéologue.


Le royaume d’Urartu

Le royaume d’Urartu s’est constitué au IXe siècle avant notre ère, sur les hauts plateaux arméniens, près du lac de Van, dans l’actuelle Turquie orientale. Désigné comme « Urartu » par son principal adversaire de l’époque, l’Assyrie, cet Etat a connu son apogée au VIIIe siècle avant J.-C. Sous le règne du roi Rusa II, au VIIe siècle, la cité d’Ayanis a été construite, sans doute comme démonstration de la puissance du royaume. Peu de temps après sa construction, toutefois, l’Urartu a connu un déclin sur lequel les historiens ne parviennent pas encore à trancher.


En effet, le royaume aurait connu son effondrement total vers 600 avant notre ère, une dizaine d’années après la conquête de l’Assyrie par les Babyloniens et les Mèdes, mais aucun témoignage exact n’en est fait. Quant à elle, la chute de la cité d’Ayanis a soulevé plusieurs hypothèses à ce jour, dont l’une pourra sans doute être confirmée bientôt par les archéologues.

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