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En Chine, la censure du Pilier de la Honte le rend encore plus grand, selon son créateur

Dernière mise à jour : 12 oct. 2023

« C’est ce qui est étrange avec l’art, » détaille le sculpteur danois Jens Galschiot, à l’initiative du Pilier de la Honte. « L’art n’est pas le véritable objet, il s’agit plutôt du mouvement qu’il suscite. Désormais, le gouvernement de Hong Kong et la police ont généré une nouvelle strate de mon œuvre. C’est une histoire qui ne se termine jamais. »


Photographie de la statue Pilier de la Honte, à son emplacement initial, dans le campus de l’Université de Hong Kong
Le Pilier de la Honte lorsqu’il était exposé dans le campus de l’Université de Hong Kong, jusqu’à la fin de l’année 2021.

Cette pensée est celle d’un artiste qui, à l’origine, espérait dénoncer un événement historique inhumain. En 1997, Galschiot sculptait le Pilier de la Honte, en hommage aux victimes du massacre de la place Tiananmen de 1989. Jusqu’à la fin de l’année 2021, la statue de près de sept mètres de haut était érigée à l’Université de Hong Kong, avant d’être déplacée par les autorités. Le 5 mai dernier, le département de sécurité national de la police a entièrement saisi la sculpture pour cause « d’incitation à la subversion. »


Un frein à la liberté d’expression

Nik Williams, le responsable des politiques et des campagnes de l’Index de Censure a réagi à la nouvelle : « c’est un autre exemple de la manière dont la Loi de Sécurité Nationale de Hong Kong a criminalisé tout aspect de liberté d’expression, incluant l’expression artistique. » L’Index de Censure, une organisation à but non-lucratif, a récemment publié un rapport sur la manière dont les artistes européens s’auto-censurent afin de ne pas provoquer les autorités chinoises.


« Pendant plusieurs décennies, le Pilier de la Honte a représenté un symbole puissant de l’art en tant que réponse à la répression, » expliquait Nik Williams. « Dans les dernières années, et depuis le passage de la Loi de Sécurité Nationale, cela a pris une signification différente, accentuant le fait que l’Etat s’en prend désormais aux artistes, aux journalistes et aux civils plus généralement. L’art n’est pas un crime. » Le gouvernement de Hong Kong a cependant répondu que ces allégations étaient « infondées », « fallacieuses » et que les preuves recueillies pour censurer le Pilier de la Honte sont « légales, raisonnables et rationnelles. »


De son côté, le sculpteur Galschiot espère pouvoir reprendre son œuvre et la ramener en Europe. Pour cela, il doit néanmoins atteindre la fin du procès à l’encontre du Pilier de la Honte. Il a récemment envoyé une lettre au gouvernement de Hong Kong, stipulant que lorsque la statue a été installée, la ville était encore sous loi britannique. Il rejoint toutefois Nik Williams, en affirmant que le problème est bien plus préoccupant que la seule censure de son œuvre. « Je dois donc comprendre qu’aucun musée d’art, qu’aucune galerie, qu’aucune salle d’exposition et pas même des maisons de ventes aux enchères ne peuvent exister à Hong Kong, à moins d’une auto-censure systématique. Si l’on peut être accusé d’exposer ou même de présenter une œuvre qui dénonce la Chine, ou qui n’est qu’une simple critique, alors la scène artistique à Hong Kong est complètement détruite. »


Un nouvel espoir en Allemagne

Le Pilier de la Honte original ne peut donc plus être présenté à Hong Kong, mais une reproduction est actuellement exposée en Allemagne. Une réplique de la sculpture a été installée devant le bâtiment Axel Springer à Berlin, le 22 mai, dans une initiative de la Freedom Foundation éponyme. Galschiot a même été invité à une conférence sur place pour discuter de ses espoirs quant à l’avenir de son œuvre et à la liberté d’expression en Chine. A Berlin, la reproduction du Pilier de la Honte est présentée jusqu’à la fin du mois de juin.

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