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Comment la collection du russe Roman Abramovich est à l'abri des sanctions

L'oligarque russe détient, avec son ex-femme, une collection privée de plus de 360 œuvres d'art d'une valeur avoisinant le milliard de dollars. Il a dû manœuvrer pour que ces pièces échappent au gel des avoirs russes imposé par l'Europe. C'est ce que révèlent les Oligarch Files.

Roman Abramovich
Roman Abramovich

Une enquête menée par le Guardian a mis en lumière l’étendue et la valeur de la collection d’art privée de l’homme d’affaire russe, Roman Abramovich, et de son ex-femme, la collectionneuse américaine, Dasha Zhukova. Il s’agirait de l’une des plus importantes collections privées d’art moderne jamais constituées, comprenant 367 œuvres évaluées à 963 millions de dollars (910 millions d’euros).


La collection comprend des chefs-d’œuvre de Monet, Matisse, Picasso, Magritte, ainsi que des artistes modernistes russes tels que Natalia Goncharova et Véra Rockline, et des artistes contemporains britanniques tels que Lucian Freud, Francis Bacon et David Hockney. Parmi les pièces les plus remarquables, figurent le nu Benefits Supervisor Sleeping (1995) de Lucian Freud, acheté par Roman Abramovich pour 33,6 millions de dollars en 2008, ainsi que le triptyque de Bacon, acquis le lendemain pour plus de 86 millions de dollars. Ces deux œuvres sont entrées dans l’histoire des ventes aux enchères : Freud est devenu l’artiste vivant le plus cher, détrônant Jeff Koons, tandis que le Bacon a atteint le prix le plus élevé jamais enregistré pour une œuvre d’art d’après-guerre.

Tableau de Lucian Freud acheté par Roman Abramovich
Lucien Freud, Benefits Supervisor Sleeping, 1995, vendu à Abramovich en 2008. © Martin Godwin/The Guardian

Les détails de la collection d’art de Roman Abramovich ont été révélés grâce aux Oligarch Files, une fuite provenant du fournisseur de services financiers offshore MeritServus. Selon le Guardian, les fichiers montrent qu’une société appelée Seline-Invest, initialement basée aux îles Vierges britanniques et redomiciliée à Jersey en 2017, est propriétaire des œuvres. Ces dernières ont été acquises auprès du Harmony Trust, dont Roman Abramovich était le seul bénéficiaire, lors de onze transactions successives entre 2017 et 2018.


Seline-Invest est contrôlée par Emis Trust Settlement, un trust créé à Chypre en 2010 au profit exclusif de l’oligarque russe. En janvier 2021, Dasha Zhukova a été désignée comme bénéficiaire « supplémentaire » de Seline-Invest, ce qui signifie que le couple divorcé depuis 2016 possédait chacun une participation bénéficiaire de 50 % dans le trust.


Cependant, en février 2022, alors que les alliés de Vladimir Poutine étaient menacés de sanctions de la part de l’Occident, des modifications importantes ont été apportées aux bénéficiaires du trust. Dasha Zhukova est devenue « irrévocablement titulaire de 51 % » des distributions du trust, tandis qu’un autre acte interdisait à Roman Abramovich d’augmenter sa participation. Le Guardian précise que les modifications n’exigeaient pas la connaissance ou le consentement de Dasha Zhukova et qu’elle n’a aucun pouvoir décisionnel au sein du trust.


Moins d’un mois plus tard, le 10 mars, le collectionneur russe a été frappé de sanctions par le gouvernement britannique, suivi peu après par l’Union Européenne (UE). Selon les règles de l’UE, du Royaume-Uni, ainsi que des Etats-Unis, tout actif détenu à plus de 50 % par une personne sanctionnée peut être gelé.


Grâce à cette restructuration, les deux collectionneurs peuvent continuer à accéder à leur collection d’œuvres d’art malgré les sanctions qui ont été imposées en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

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