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Anna-Eva Bergman s’invite au Musée d’art moderne de Paris

Dernière mise à jour : 2 févr.

Longtemps restée dans l’ombre de son époux, Hans Hartung (1904-1989) – monstre sacré de l'abstraction-, oubliée après sa mort, Anna-Eva Bergman est propulsée sur le devant de la scène grâce à une biographie parue chez Gallimard, une rétrospective du MAM de Paris et une exposition à la Fondation Hartung Bergman.

Photographie noir et blanc d'Anna-Eva Bergman

Décédée en 1987, la Norvégienne Anna-Eva Bergman est enfin à l’honneur à Paris, au Musée d’Art Moderne (MAM) qui a reçu une importante donation de ses œuvres par la Fondation Hartung-Bergman d’Antibes.


Intitulée « Voyage vers l’intérieur », l’exposition qui s’ouvre jusqu’au 16 juillet est composée de plus de 200 œuvres, dont des photographies, des dessins et des documents d’archives. L’exposition entend « montrer l’ensemble de son œuvre de A à Z » et plonger le public dans le processus créatif de Bergman et le cheminement qui a mené à l’affirmation de son art singulier.


On y découvre les premières œuvres figuratives de l’artiste dans lesquelles elle s’intéresse à l’architecture, comme ces vues d’habitations peintes à Minorque, les caricatures qu’elle produisit au début de sa carrière, avant de s’écarter de toute référence strictement figurative pour privilégier les formes et la matière picturale.


Oeuvre aux formes abstraites aux tons bleus
Anna-Eva Bergman, Fragment d'une île en Norvège, vers 1951, tempera et encre de Chine sur papier, 50x65cm, Musée d'Art Moderne de Paris

On sort transporté et sidéré par ces œuvres où Anna-Eva Bergman infuse ses impressions subtilement dans des peintures qui, même si elles peuvent être en grand format, ne sont jamais tapageuses. Elle est arrivée à épurer radicalement sa palette pour créer des abstractions qui évoquent délicatement des paysages. Ainsi, Anna-Eva Bergman apporte un soin particulier à la couleur des glacis qui recouvrent de plus en plus les feuilles de métal (or, argent, cuivre, étain, plomb, bismuth), donnant de somptueux reflets comme ceux vert bleuté de son Grand Arbre (1957).


Les œuvres de Bergman s’affrontent dans une contemplation tranquille, à travers la Grande Montagne (1957) immaculée qui monte au ciel et un fragment d'une île de Norvège. Plus loin, c'est un Fjord (1968) majestueux, évoqué en trois bandes de bleu et une lisière d’argent, qui nous happe dans un profond silence.


A partir des années 1960, Anna-Eva Bergman travaille dans la matière même de l’œuvre, en arrachant ou en plissant le métal pour apporter du volume ou pour capter, comme dans Grand Océan (1966), la liquidité et les mouvements de l’eau. Une peinture aux nombreux reflets qui invite comme toutes celles à la feuille de métal, à se déplacer devant la toile pour tenter de figer cette surface sans cesse mouvante.


Passionnée par le nombre d’or, Bergman utilise les maths pour produire des toiles abstraites – qui rappellent un peu celles de Kandinsky – et imagine des paysages célébrants la nature d’une façon inédite. Les montagnes de Norvège et la mer Méditerranée, que la peintre connaît bien, l’inspirent et prennent forme sous son pinceau dans des compositions tout sauf figuratives. Les formes se font de plus en plus simples et la gamme colorée plus restreinte. Une dominante de noir et de bleu sombre pour les falaises, du blanc pour les lacs, les fjords et les terres enneigées.


Oeuvre de Bergman où est tracé un rond en feuille d'or sur fond bleu roi
Anna-Eva Bergman, N°75-1961, Une étoile, 1961

Pas complétement abstraite, ni figurative, l’œuvre d’Anna-Eva Bergman est singulière, inclassable. En effet, si l’on est parfois tenté de ranger l’œuvre de Bergman du côté de l’art abstrait, il faut pourtant faire l’effort d’observer le lien étroit que l’artiste noue avec la matérialité des éléments. Pratiquant ce qu’elle appelait l’« art d’abstraire », son travail consiste en l’extraction de signes, de formes, de couleurs, de matières qui partent du concret et du réel pour le résumer.


Contemporaine d’une période durant laquelle les artistes étaient fortement influencés par la théosophie, l’œuvre d’Anna-Eva Bergman témoigne d’une forme de syncrétisme caractéristique de son époque.

Également passionnée d’astrophysique, nombre de ses œuvres convoquent un vocabulaire cosmologique. Astres et les planètes tournent dans son répertoire de formes et rappellent parfois avec onirisme des paysages lunaires de la conquête spatiale dont elle est contemporaine.


 

Anna-Eva Bergman, Voyage vers l'intérieur.

Jusqu'au 16 juillet 2023.

Musée d'Art Moderne de Paris,

11, avenue du Président Wilson,

75016, Paris.




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